Full text: Correspondance (Tome 2)

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ŒUVRES DE FERMAT. - CORRESPONDANCE. 
( 1 ) Voir ci-dessus, pages 355-356. 
que vous ne prouvez point, mais que vous supposez pour principe, que 
la lumière passe plus aisément dans les corps rares que dans les 
denses; au lieu que M. Descartes prouve, et ne suppose pas simple 
ment, ainsi que vous dites, que la lumière passe plus aisément dans 
les corps denses que dans les rares. 
Car, posé votre principe et posé encore que la nature agisse tou 
jours par les voies les plus courtes ou les plus promptes, vous con 
cluez fort bien que la lumière doit suivre le chemin qu’elle tient dans 
la réfraction; là où M. Descartes, sans rien supposer, se sert seule 
ment de l’expérience même pour conclure que la lumière passe plus 
aisément dans les corps denses que dans les rares, et donne en même 
temps le moyen de mesurer la proportion avec laquelle cela se fait. 
Et, pource qu’il jugeoit bien que l’expérience journalière que nous 
avons du contraire pourrait nous donner lieu de nous en étonner, il 
en rend la raison physique dans la vingt-troisième page de sa Diop- 
trique, à laquelle on peut avoir recours. 
Mais, s’il est vrai que la lumière passe plus difficilement dans les 
corps rares que dans les denses, comme la raison alléguée en ce lieu-là 
par M. Descartes semble le prouver, et s’il est vrai aussi que la nature 
n’agisse pas toujours par les voies les plus promptes, comme l’exemple 
de la balle qui passe de l’air dans l’eau le justifie, adieu toute votre 
démonstration. 
Et même, comme vous dites avoir autrefois proposé vos difficultés à 
M. Descartes, à lui, dites-vous, viventi alque sentienti (’), sans que ni 
lui ni ses amis vous aient jamais satisfait, ne pourroit-on pas aussi dire 
qu’il vous a fait réponse de son vivant, et ses amis depuis sa mort? 
tibi, inquam, viventi, et nisidicere nefas esset, adderem : et non intelh- 
genti, puisqu’il y en a qui se persuadent de la bien entendre. 
Et enfin, comme vous dites que la nature semble avoir eu cette défé 
rence et cette complaisance pour M. Descartes de s’être rendue à 
lui et lui avoir découvert ses vérités sans s’y laisser forcer par la
	        
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