ŒUVRES DE FERMAT. - CORRESPONDANCE.
m’empêcher de tomber dans cette faute, mais non pas pour vous en
faire mes excuses et vous en demander le pardon.
Et pour le mériter en quelque façon, souffrez que je m’explique un
peu plus au long que je ne fis la dernière fois, pour vous faire com
prendre ce que je pense de la pensée qu’a eue M. Descartes touchant
la réfraction.
2. II est certain qu’à considérer tout seul le rayon AB, en tant qu’il
est dans l’air, il ne va ni à gauche ni à droite, ni en haut ni en bas,
mais toute sa tendance est d’aller vers D et n’a qu’une seule direction.
Mais sitôt qu’on lui oppose un autre milieu, par exemple CBE, dans
lequel il soit obligé de passer, on peut dire et il est vrai qu’à l’égard
de ce milieu il a diverses tendances. Car si on le lui oppose directe
ment, sa chute est perpendiculaire et n’a qu’une direction à son égard ;
mais si on le lui oppose de biais, comme il est dans la page 17 de la
Dioptrique {fig-102), alors ce rayon à son égard a une double direction :
l’une qui le fait tendre vers lui, qui est de haut en bas; et l’autre qui le
porte de gauche à droite, à laquelle ce milieu n’est point du tout opposé.
Et si on le lui opposoit d’une autre façon, la même direction, qui
maintenant est de gauche à droite, pourroit être celle qui le porterei!
vers lui, et l’autre, celle à laquelle ce milieu ne seroit point opposé.
Et selon que ce milieu est plus ou moins incliné à ce rayon, les deux
tendances ou directions qu’il a à son égard sont diverses et peuvent
avoir l’une à l’égard de l’autre diverses proportions.