CXVI. - 1664.
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ANNÉE 1664.
CXVI.
FERMAT A M. DE ****.
1664.
{Fa, p. i56.)
Monsieur,
Puisque M. de parle et que vous l’ordonnez, vous, Monsieur, de
qui la réputation est si grande et si bien établie, je laisse éveiller ma
Géométrie, qui dormoit depuis longtemps dans un profond repos et,
pour entrer d’abord en matière, je veux bien vous conter l’intrigue de
notre Dioptrique et de nos réfractions, en forme d’histoire, afin de
vous laisser le jugement libre et que vous puissiez prononcer sans pré
occupation.
Dès que j’eus vu le Livre de feu M. Descartes et que j’eus examiné
avec quelque attention la proposition qui sert de fondement à sa Diop
trique et qui établit la proportion des réfractions, je soupçonnai sa
preuve; sa démonstration me sembla un véritable paralogisme :
Premièrement, parce qu’il la fonde sur une comparaison et que
vous savez que la Géométrie ne se pique guère de ces figures, les com
paraisons y étant encore plus odieuses que dans le commerce du
monde ;
Secondement, parce qu’il suppose que le mouvement de la lumière,
qui se fait dans Pair et dans les corps rares, est plus malaisé ou, si vous
l’aimez mieux ainsi, plus lent que celui qui se fait dans l’eau et les
autres corps denses; ce qui semble choquer le sens commun ;