2. Objet de la géométrie.
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actuelle, + qui datent au moins du quatrième siècle de notre ère 8 )*,
ont donné lieu à de longues discussions depuis l’antiquité jusqu’à
nos jours 9 ). C’est surtout sur le cinquième postulat (le postulat des
parallèles) que se sont portés les plus grands efforts critiques 10 ).
Jusqu’à la fin du 18 ième siècle on a, en général, accepté sans
conteste les principes de la géométrie euclidienne 11 ). ^Depuis le com
mencement du 19 ièmo siècle on a, peu à peu, substitué à cette façon
de voir plusieurs conceptions critiques; ces conceptions sont d’ailleurs
bien différentes les unes des autres.*
Les progrès de la critique moderne portent d’une part sur Vobjet
de la géométrie, d’autre part sur la forme logique du développement
de cette science.
2, Objet de la géométrie. En ce qui concerne l’objet de la
géométrie, on est amené à distinguer:
I o ) l’espace intuitif habituel, c’est-à-dire la représentation de l’espace
telle que notre esprit le conçoit;
2°) l’espace physique dont les propriétés nous sont données par
l’expérience;
3°) les espaces abstraits, c’est-à-dire les conceptions plus générales
que nous pouvons déduire de l’espace intuitif ordinaire par abstraction
ou généralisation.
C’est la géométrie non-euclidienne, établie entre 1815 et 1830
par C. F. Gauss, J. Bolyai, N. I. Lobacevskij, qui conduisit à cette idée
nouvelle et remarquable que l’espace physique pourrait être différent
de l’image que nous en fournit notre intuition habituelle.
Toutefois à cette époque, en dehors de la géométrie euclidienne,
une seule géométrie semblait possible: elle ne devait différer de celle
à’Euclide que par son indépendance du postulat des parallèles. C’est
en lui donnant ce sens précis qu’on parlait alors d’une géométrie absolue.
B. Biemann 12 ) élargit ce point de vue dans sa célèbre Thèse
sur les hypothèses qui servent de base à la géométrie, soutenue à Gôt-
8) ^Presque tous les manuscrits des „Elementa“ que l’on possède aujourd’hui
contiennent la rédaction due à Théon d’Alexandrie.*
9) + Au sujet des interpolations les plus anciennes concernant la partie des
„Elementa“ dont il s’agit ici, voir aussi T. L. Heath, The thirteen hooks of
Euclid’s Eléments 1, Cambridge Í908, p. 50/1, 61/8 (Notes 8 et 9 de G. Enestrôm).*
10) Voir en particulier n° 14.
11) Au 19 ièm0 giède encore, plusieurs géomètres, parmi lesquels il faut citer
en particulier A. Cayley, sont d’ailleurs restés fidèles à ce point de vue dogma
tique.
12) Über die Hypothesen welche der Géométrie zu Grande liegen [Habili
tation s s chrift, Gôttingue 1854; Abh. Ges. Gôtt. 13 (1866/7), éd. 1868, math.
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