2. Objet de la géométrie.
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K. G.Chr.von Staudt. Tels aussi les espaces non-archimédiens 16 17 ) de
6r. Veronese et de D. Hilbert 11 ).
Des constructions abstraites comme ces dernières sont sans doute
surtout intéressantes au point de vue psychologique „et au point de
vue logique.* Elles servent avant tout, en effet, à établir la valeur
respective des divers concepts géométriques 18 ) et à jeter la lumière
sur leur genèse 19 ).
Enfin ces constructions abstraites permettent d’envisager plus
largement les différentes géométries en regard d’une géométrie à dé
veloppement purement formel que nous examinerons plus loin. On arrive
ainsi à considérer une géométrie quelconque comme un système d’hypo
thèses que l’on étudie, indépendamment de tout objet physique ou psycho
logique, en suivant, parmi les conséquences de ce système d’hypothèses,
celles qui semblent pouvoir présenter quelque intérêt mathématique.
C’est à ce point de vue que se sont placés, surtout dans leurs
dernières recherches, D. Hilbert et ceux qui se rattachent à son école 20 ).
Une des conséquences de cette liberté de construction accordée
aux géomètres a été de modifier le caractère des jugements que l’on
portait sur la valeur physique des postulats.
F. Klein 21 ) et H. Poincaré 22 ) ont fait remarquer que les postulats
géométriques renferment quelque chose d’arbitraire relativement aux
données insuffisamment déterminées par l’expérience et l’intuition. Il
en résulte qu’en géométrie, comme dans toute autre science physique,
on peut faire un choix entre plusieurs représentations possibles de la
même réalité. „Ce choix répond, en général, d’après E. Mach, au
besoin de faire „économie de pensée“.*
„Allant plus loin, H Poincaré déclare que les postulats de la
géométrie ne sauraient exprimer des relations physiques, mais qu’ils
constituent seulement des conventions d’après lesquelles on interprète
les faits constatés expérimentalement. On en revient ainsi à la thèse
kantienne qui nie toute réalité à l’espace.*
16) „Suivant P. Mansion [Ann. Soc. scient. Bruxelles 29 1 (1904/6), p. 200]
ces constructions abstraites n’appartiennent pas à la géométrie (Note de G.Loria).*
17) F. Klein insiste beaucoup, dans son enseignement, sur ce caractère des
espaces supérieurs. Voir surtout, à ce sujet [n 0 “ 46 à 62] ce qui concerne la
Géométrie non-archimédienne.
18) Cf. n° 19.
19) Cf. F. Enriques, Bivista filosofica (Pavia) 4 (1901), p. 171.
20) Cf. n os 46 à 62.
21) „Voir par ex. Matb. Ann. 37 (1890), p. 571/2.*
22) „Voir par ex. Bull. Soc. math. France 15 (1886/7), p. 204; La science
et l’hypothèse, Paris s. d. [1903], p. 66.*