176 H. von Mangoldt. III 2. Les notions de ligne et de surface. L. Zoretti.
sens projectif du mot, sans points ni tangentes multiples, pourvu d’une
tangente unique en chaque point et variant d’une façon continue, et
auquel s’appliquent les théorèmes de K. G. Chr. von Staudt que voici :
I. Si le point T décrit l’arc dans un sens déterminé et si t
désigne la tangente correspondante, le point d’intersection de cette
tangente avec une droite fixe se déplace sur cette droite fixe dans
une direction qui ne doit se modifier que lorsque T vient coïncider
avec un des points communs à la droite fixe et à la courbe pour
lesquels la droite fixe n’est pas tangente à la courbe.
IL La droite obtenue en joignant le point T à un point fixe F
tourne autour de ce point fixe dans un sens qui ne doit changer que
lorsque F est situé sur la tangente t à la courbe sans que F et T
coïncident.
Il définit de même les propriétés fondamentales d’un arc de
courbe gauche sans singularité, au moyen d’une série de quatre théo
rèmes analogues. Il recherche également les propositions générales
que l’on peut établir, sur ces définitions, relativement aux formes
des arcs sans singularités 78 ).
10. La notion physique de ligne. *Nous avons successivement
étudié la notion de ligne au point de vue de la géométrie pure, c’est-
à-dire en la rattachant aux postulats [III 1, 19], puis au point de
vue analytique c’est-à-dire en la rattachant uniquement à la notion
de nombre. Nous allons maintenant envisager la même notion au
point de vue de la géométrie appliquée ou expérimentale. Nous serons
ainsi revenus à notre point de départ, car il est évident que c’est ce
point de vue expérimental qui a servi à former successivement dans
notre esprit cette notion de ligne sous ses différents aspects*
Comment réalise-t-on physiquement un point? C’est évidemment
en se donnant une portion de surface aussi petite que possible, par
exemple la croisée de deux traits très fins tracés sur une plaque
métallique, + ou encore la croisée de deux fils très fins dans le réticule
d’une lunette*. Mais ce n’est que par abstraction que nous pouvons
déduire de ces points très petits la notion géométrique de point. Il
est donc impossible de définir physiquement la distance de deux
tels points, encore moins de la mesurer; car on commet, outre
l’erreur provenant de l’imperfection des mesures, l’erreur forcée
provenant de l’indétermination des extrémités du segment à évaluer.
On peut multiplier ces exemples et montrer l’impossibilité de définir
78) Yoir A. Kneser, Math. Ann. 34 (1889), p. 205, 209; 41 (1893), p. 349.