19. Théorie analytique des courbes planes algébriques. 223
3°) la discussion et l’énumération des différentes courbes planes
du quatrième ordre [cf. III 20].
J. Plücker n’envisage ordinairement que le „cas général“, et dans
ses démonstrations il se contente souvent de compter les constantes
figurant dans les équations envisagées; il faut donc presque toujours
reprendre et compléter ses démonstrations 164 ).
Dès 1844, L. O. Hesse 165 ) montra comment on peut se servir
systématiquement de la théorie des équations algébriques pour établir
une théorie générale des courbes et des surfaces. L’usage magistral
qu’il fit des déterminants, que l’algèbre avait désormais à son entière
disposition, lui permit de donner à toutes ses considérations et dé
monstrations une élégance tout à fait remarquable. On reconnut ainsi
qu’un grand nombre de vérités géométriques n’étaient que la traduction
immédiate de certaines identités algébriques; ce fait a trouvé plus tard
de nombreuses applications dans la géométrie analytique, et surtout
dans la théorie des invariants 166 167 ).
On doit en particulier à L. O. Hesse 161 ) une étude approfondie
des points d’inflexion et des tangentes doubles des courbes planes 168 );
les points d’inflexion y apparaissent pour la première fois comme les
points d’intersection de la courbe donnée avec sa „hessienne“ dont
l’équation est obtenue sous la forme bien connue de déterminant 118 ).
Le traité de G. Salmon 169 ), paru en 1852, a beaucoup contribué à
164) Au sujet des compléments à apporter aux démonstrations ne reposant
que sur l’énumération des constantes, voir F. Lasker, Math. Ann. 58 (1904), p. 434.
165) La plupart de ces articles sont publiés dans le Journal für reine und
angewandte Mathematik de 1844 à 1860 et sont reproduits dans L. O. Hesse r
Werke, Munich 1897.
166) W.F. Meyer [Ueber das Wesen mathematischer Beweise; Verhandl. 139 )
3. Math.-Kongresses Heidelberg 1904, p. 667] a récemment appelé l’attention sur
ce point; et, dans une série de travaux cités dans cet article, il a bien montré
l’utilité du „principe d’identité“. Voir aussi W. F. Meyer, Monatsh. Math. Phys.
18 (1907), p. 138; Sitzgsb. Akad. Wien 11611“ (1907), p. 669; Archiv Math. Phys.
(3) 12 (1907), p. 1, 151; Ber. Ges. Lpz. 59 (1907), math. p. 229. Le principe de
la méthode consiste à exprimer complètement les propriétés fondamentales de
certaines figures par des identités, en particulier par l’évanouissement identique
d’invariants simultanés des éléments donnés. L’avantage de cette méthode dont
la portée est bien plus grande que celle de L. O. Hesse, consiste en ce qu’elle
est applicable à tous les cas particuliers et limites, dans la mesure où ils sont
compatibles avec les conditions de la figure.
167) J. reine angew. Math. 41 (1851), p. 276/7; Werke, Munich 1897, p. 268/70.
168) H- Steiner avait déjà étudié par la géométrie pure les tangentes
doubles des courbes du quatrième ordre.*
169) A treatise on higher planes curves, (l re éd.) Dublin 1852; (2° éd.) Dublin