226 G-. Fano. III3. Géométrie synthétique et géométrie analytique. S. Carrus.
Mais les recherches concernant les propriétés générales des courbes
algébriques gauches ont présenté de grandes difficultés. Ce n’est que
fort tard que l’on a reconnu qu’une courbe gauche n’est pas toujours
l’intersection complète de deux surfaces 179 ), et que par suite deux (ou
même trois) équations ne suffisent pas toujours à la représenter ana
lytiquement 180 ), tandis que quatre équations suffisent toujours; que
même la considération simultanée de l’ordre et des points doubles éven
tuels ne suffit pas non plus pour établir une classification des courbes
gauches, car il y a déjà deux espèces de courbes gauches du quatrième
ordre sans points doubles 181 ); enfin que, à partir du neuvième ordre,
même l’adjonction du nombre des points doubles apparents ne permet
pas d’établir une classification complète de ces courbes 182 ). La théorie
générale et la classification des courbes algébriques ne pouvaient donc
offrir une analogie complète avec les théories précédentes.
Des résultats essentiels concernant les courbes algébriques gauches
sont cependant dûs à A. Cayley. En 1845, il établit les relations,
analogues à celles de Plücker, existant entre les nombres des singula
rités d’une courbe gauche 183 ). Pour représenter ces courbes analytique
ment, il les considéra d’une part comme intersection d’une „monoïde“
(c’est-à-dire d’une surface du w lème ordre ayant un point multiple
d’ordre n — 1) et d’un cône, qui n’ont en outre en commun qu’un
certain nombre de droites 184 ); et d’autre part il eut recours à l’équation
179) A. Cayley, Note sur les hyperdéterminants [J. reine angew. Math. 34
(1847), p. 148; en partie, p. 152; Papers 1, p. 352].
180) L. Kronecker, Festschrift zu E. E. Kummers 50. Doktorjubiliium, Sep-
tember 1881, éd. Berlin 1882 [Grundzûge einer arithmetischen Théorie der al-
gebraischen Grôssen]; J. reine angew. Math. 92 (1882), p. 27; J. Molk, Thèse,
Paris 1884, p. 107; Acta math. 6 (1885), p. 107; K. Th. Vahlen, J. reine angew.
Math. 108 (1891), p. 346.
181) G. Salmon, Cambr. Dublin math. J. 5 (1850), p. 53 ; J. Steiner, J. reine angew.
Math. 53 (1857), p. 133/41 en partie, p.138 ; Werke 2, Berlin 1882, p. 651/9 en partie, p. 656.
182) La courbe la plus générale d’ordre 9 et de genre 10 (avec 18 points
doubles apparents, et dépendant de 36 constantes) peut être de deux espèces
différentes: soit une courbe (3,3) intersection de deux surfaces du 3 ième ordre, ou
une courbe (2,6) intersection d’une quadrique et d’une surface du 6 ième ordre
avec trois cordes six-sécantes (dont chacune s’appuie sur six points de la courbe)
comme intersection restante. Voir à ce sujet les études de G. H. Halphen [J. Éc.
polyt. (1) cah. 52 (1882), p. 166] et de M. Nôther [Zur Grundlegung der Théorie
der algebraischen Raumkurven, Abh. Akad. Berlin 1882, Phys.-math. Klasse, math.
Abh.; Extraits: J. reine angew. Math. 93 (1882), p. 101].
183) J. math, pures appl. (1) 10 (1845), p. 245; Cambr. Dublin math. J. 5
(1850), p. 18.
184) C. R. Acad. sc. Paris 54 (1862), p. 55, 396, 672; id. 58 (1864), p. 994;
Papers 5, Cambridge 1892, p. 7, 24.