262 H. G. Zeuthen. III 4. Géométrie énumérative. M. Pieri.
ordre clans l’espace ordinaire [ainsi que celle plus générale de variété
à r — 1 dimensions dans l’espace à r dimensions]: c’est l’ensemble
défini par une équation générale de degré m entre les coordonnées
d’un point variable. Le nombre des points communs à trois (ou à r)
de ces ensembles pourra se déterminer par une généralisation conve
nable du théorème de Bézout. Mais tandis que les propriétés d’une
courbe plane ou d’une surface algébrique, complète ou décomposée, se
retrouvent toujours dans la courbe plane ou la surface algébrique
générale du même ordre, ce fait n’a plus lieu pour les courbes gauches
ni en général, pour les variétés dépendant de plusieurs équations. En
effet, les courbes gauches du m ième ordre, bien que possédant des pro
priétés dépendant uniquement du nombre m (par ex. le nombre de
leurs points d’intersection avec une surface donnée), se classifient en
différentes espèces [voir III25] lesquelles, pour des valeurs assez grandes
de m, ne sont plus caractérisées ni par ce seul nombre, ni par ce
nombre et celui des points doubles apparents, ni, semble-t-il, par une
suite finie de nombres 4 ). On peut en dire autant de toute variété définie
comme intersection de plusieurs variétés à plus de trois dimensions.
3. Les concepts de „général“ et de „spécial“; formules de
Plücker, Cayley, Salmon, etc. On appelle classe d’une courbe plane
le nombre de ses tangentes qui passent par un point donné du plan.
Conformément au principe de dualité, la définition d’une courbe plane
par sa classe a le même degré de généralité que sa définition par
son ordre.
Etant donnée une courbe plane du wz ième ordre, par un point de
son plan on peut toujours mener m(m —- 1) droites telles que sur
chacune d’elles, deux points d’intersection avec la courbe sont réunis
en un seul. J. V. Poncelet 24 ) qui a trouvé ce résultat donne aussi la
raison du paradoxe 5 ) qui consiste en ce qu’une courbe serait, en
4) Voir G. II. Halphen, Bull. Soc. math. France 2 (1873/4), p. 69.
Comme l’a fait remarquer Ed. Weyr [Diss. Prague 1873] on a, par exemple,
deux espèces de courbes gauches du 9 lème ordre tout à fait distinctes quoique
ayant les unes et les autres 18 points doubles apparents.
De là résulte que deux courbes gauches du même ordre m, ayant toutes
deux le même nombre de points doubles apparents (ou du même genre p) peuvent
avoir des propriétés bien différentes, même parmi celles qui rentrent dans le
cadre de la géométrie énumérative. Une énumération relative à une courbe
gauche ne conduira donc pas toujours à des expressions ne dépendant que de
m et h (ou de m et p). Voir à ce sujet n° 9.
5) J. V. Poncelet, Traité des propriétés projectives des figures, (l re éd.) Paris
1822; (2 e éd.) 1, Paris 1865; 2, Paris 1866, p. 67, 228; J. reine angew. Math. 4
(1829), p. 12; 8(1832), p. 392. C’est cette contradiction apparente qui avait amené