266 H. G. Zeuthen. III 4. Géométrie énumérative. M. Pieri.
trouve le théorème de Bézout déjà utilisé par G. Maclaurin 12 ) et
W. Braïkenridge 13 j pour la détermination numérique des ordres de
certaines courbes, que ces auteurs venaient de rencontrer en se pro
posant de généraliser la description organique des courbes du troisième
ordre à point double, donnée par I. Netvton u ) [III19]. W. Braïkenridge,
par exemple, part du théorème:
«Si les trois côtés d’un triangle ABC tournent autour de trois
points fixes F, F, G tandis que les sommets A et B glissent le long
de deux droites fixes a et h, le troisième sommet G décrit une section
conique.»
W. Braikenridge en déduit, par le dénombrement des points d’inter
section avec une droite arbitraire, que la courbe devra être d’ordre 2 m
ou 2mn, si l’on remplace la droite a par une courbe du m ième degré
ou les droites a et & par deux courbes du w ième et du w ièma degré.
En cherchant ensuite de combien de manières différentes le point
mobile G peut coïncider avec E ou avec F, il trouve que, dans le
dernier cas, ces deux points seront multiples d’ordre mn de la courbe.
Enfin, il discute les cas où des droites se détachent du lieu, par suite
des positions particulières que l’on peut donner aux points fixes; et
dans chacun de ces cas il détermine le degré de la courbe résiduelle.
Ce sont des procédés semblables qui ont été utilisés plus tard par
J. Steiner lh ) dans ses recherches énumératives, commencées en 1845,
et concernant soit les courbes et surfaces algébriques générales, soit
les courbes et surfaces de degré peu élevé. A l’aide d’énumérations
successives, il réussit à déterminer les ordres, les classes et autres
caractères numériques de certaines courbes, telles que les courbes po
laires, le lieu géométrique du milieu des cordes déterminées par une
courbe sur les droites d’un faisceau, l’enveloppe des cordes dont les
milieux se trouvent sur des courbes données, etc.
En effet, des théorèmes de Bézout et de Plücker, J. Steiner déduit
immédiatement de nouveaux nombres utilisables à leur tour pour d’autres
déterminations, et ainsi de suite. On entrevoit ce procédé à travers la
succession de ses résultats donnés pour la plupart sans démonstration.
L’emploi systématique de méthodes plus spéciales n’y est point in-
12) Geometria organica, sive descriptio linearum curvarum universalis,
Londres 1720.
13) Exercitatio geometrica de descriptione linearum curvarum, Londres 1733.
14) Enumeratio linearum tertii ordinis, chap. 6 (publié pour la première
fois en appendice à la l re édition anglaise de son traité: Optics, Londres 1704);
Opéra, éd. S. Horsley 1, Londres 1779, p. 556.
15) Ber. Akad. Berlin 1848, p. 310/6; J. reine angew. Math. 47 (1854), p. 1/105;
Werke 2, Berlin 1882, p. 493/601.