270 H. G. Zeuthen. III 4. Géométrie énumérative. M. Pieri.
Ailleurs, il envisage aussi le nombre des asymptotes ou des points
d’intersection avec la droite de l’infini 25 ).
Les exemples donnés par J. V. Poncelet montrent bien qu’il ne
songeait à appliquer son principe que dans les cas où un simple
renvoi à la représentation analytique, sans aucune exécution des calculs,
suffit pour obtenir une démonstration parfaite.
Il dit même 26 ) que son principe pourrait être démontré aisément
par l’algèbre. Mais il évite d’utiliser ces ressources, parce que, à son
avis, le principe aurait dû se présenter comme une question purement
géométrique, et apporter à la géométrie la même généralité dont jouis
sait déjà la méthode algébrico-analytique. C’est pour ces raisons qu’il
ne parvient pas à donner un fondement réel à son principe ni, par
conséquent, à établir les limites rigoureuses de sa validité. Cela explique
que A. L. Cauchy ne l’a apprécié dans le rapport 27 ) qu’il a fait sur
l’ouvrage fondamental de J. V. Poncelet que comme constituant une
«forte induction». Ce jugement a peut-être contribué à ce que, long
temps, on n’a pas osé suivre J. V. Poncelet dans la voie qu’il avait
tracée malgré les remarquables applications qu’il en avait données:
celle d’une méthode énumérative qui est aussi sûre que féconde tant
qu’on ne rompt pas ses liens nécessaires avec l’algèbre.
6. Usage du principe de continuité après Poncelet. Etant
données trois surfaces de degrés respectifs m, n, p, passant par la
courbe d’intersection de deux autres surfaces, G. Salmon 28 }, pour trouver
le nombre de points où elles s’entrecoupent en dehors de cette courbe,
imagina de décomposer la première des trois surfaces en un plan et
une surface du (m — l) ième degré.
Plus tard, il emploie le même procédé pour résoudre des pro
blèmes analogues dans un espace à plusieurs dimensions 29 ). Il obtient
le degré de la surface réglée dont les génératrices s’appuient deux fois
25) Propriétés projectives 5 ), (2 e éd.) 2, p. 287, 293. Ces passages sont contenus
dans une section du Traité de J. V. Poncelet qui n’était pas comprise dans la
première édition. Mais l’interprétation projective des propriétés métriques qui
sert de fondement aux dénombrements dont il s’agit avait déjà été introduite
par J. V. Poncelet dans ses publications de 1822 à 1832.
26) Propriétés projectives 5 ), (2 e éd.) 1, introd. p. XIV.
27) Ce rapport de A. L. Cauchy a été imprimé en tête de la première
édition du Traité de géométrie projective, Paris 1822, et déjà Ann. math, pures
appl. 11 (1820/1), p. 69.
28) Cambr. Dublin math. J. 2 (1847), p. 71. Voir à ce sujet n° 9 note 55
de l’article actuel.
29) Quart. J. pure appl. math. 7 (1866), p. 327. Il signale d’ailleurs expli
citement la signification algébrique de ces recherches hypergéométriques.