M. Pieri.
couverte du nombre exact des solutions, que M. Chasles venait aussi
d’obtenir par une voie différente [n° 21].
M. Chasles évite de recourir au principe de continuité. Après
avoir 36 ) trouvé, par exemple, qu’une certaine courbe est coupée par une
surface du m ième ordre en m (4m -f n) points, il tient à établir par
une autre voie le degré 4m -f n de la courbe, en démontrant que
celle-ci est coupée en 4m + n points par un plan arbitraire. Néan
moins, à cette époque (1861), l’inversion du théorème de Bézout était
tout au moins d’un usage courant parmi les géomètres 37 ).
7. Application nouvelle et plus complète du principe de con
tinuité. Dès cette époque se présentent des applications plus éten
dues du principe de continuité. L. Cremona démontre eu 1862 le
théorème de Bézout au moyen de la décomposition de l’une des
courbes en droites 38 ), ainsi que l’avait fait J. V. Poncelet [n° 5], et
pour trouver le nombre des points suffisant à déterminer une courbe,
il donne des positions particulières à ces points 39 40 ).
Cependant c’est J. Ph. E. de Fauque de Jonquières i0 ) qui fit le
premier un usage systématique du principe de continuité. C’est lui
aussi qui l’établit sur des bases solides en faisant ressortir son identité
essentielle avec le théorème fondamental de l’algèbre d’après lequel
toute équation du n lème degré a n racines 41 ). Pour obtenir des pro
positions tout à fait générales sur les courbes ayant des contacts mul
tiples d’ordre quelconque avec une courbe donnée („formules de con
tact de Jonquières“) [III 19], il envisage le cas où cette dernière
devient rationnelle grâce à l’introduction de nouveaux points doubles,
36) C. R. Acad. sc. Paris 53 (1861), p. 887.
37) Pour former les équations numériques du second degré à l’aide des
quelles il détermine l’ordre x d’une surface donnée, dont l’intersection avec une
autre surface de même degré se décompose en x courbes du troisième ordre et
en d’autres courbes entièrement connues, P. Sturm [J. reine angew. Math. 80
(1875), p. 132] applique la réciproque du théorème de Bézout.
H. G. Zeuthen [Math. Ann. 3 (1871), p. 150], dans ses recherches sur la
détermination des genres des courbes algébriques planes [n° 18], avait déjà utilisé
le fait qu’en dénombrant les tangentes à une même courbe, issues de deux points
distincts du plan de la courbe, on doit obtenir le même nombre.
38) L. Cremona, Curve piane 18 ), p. 25.
39) Id. p. 27.
40) J. reine angew. Math. 66 (1866), p. 289. Voir aussi F. Schuh, Yergelijkend
overzicht der methoden ter bepaling van aantallen vlakke krommen, Amsterdam
1905, p. 112/50, 214.
41) Id. p. 314.