12. Genèse du principe de correspondance.
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Le principe de correspondance.
12. Genèse du principe de correspondance. J. Steiner et M.
Chasles, après avoir pris l’un et l’autre pour base de la théorie des
coniques la construction de ces courbes au moyen de deux faisceaux
projectifs, firent de même usage de la génération analogue et parti
culièrement féconde d’une courbe d’ordre m -f n au moyen de deux
faisceaux l’un d’ordre m l’autre d’ordre n en correspondance univoque
[III 19].
En 1848, J. Steiner 91 92 ) mit ce mode de génération en toute première
ligne dans ses recherches sur les courbes algébriques. Grâce à ce
principe remarquable, il a pu souvent anticiper l’usage du principe
de correspondance; et les applications qu’il en fait, jointes aux nom
breuses propositions données sans démonstration, témoignent de l’in
térêt qu’il a pris aux rapports intimes de l’algèbre et du dénombre
ment qui se sont manifestés plus tard dans le principe de correspon
dance.
En 1853, M. Chasles") applique le même mode de génération
aux courbes du troisième et du quatrième degré et, dans le cas du
troisième degré, il détermine l’ordre de la courbe en remarquant que
ses points d’intersection avec une droite arbitraire sont autant de
points doubles dans une correspondance (1, 2) entre les points de la
droite. Leur nombre est fourni par le degré d’une équation que l’on
obtient en égalant les abscisses des points correspondants, qui sont
liées par une équation de degrés respectifs 1 et 2 par rapport à ces
variables.
Ici la correspondance (1, 2) repose sur les deux concepts géo
métriques d’homographie et d’involution. Mais dès 1855, M. Chasles
affirme, en général, que sur une droite, toute correspondance (1, 1)
de points (susceptible de représentation algébrique) est une homo
graphie et que les couples de points correspondant à un même point
dans une correspondance (1, 2) forment une involution 93 ).
Parmi les faits qui ont préparé la découverte du principe de
correspondance, généralisant les idées précédentes, mais offrant un
91) J. reine angew. Math. 47 (1854), p. 2; Werke 2, Berlin 1882, p. 496.
La génération analogue des surfaces est invoquée par J. Steiner à l’égard des
surfaces cubiques [III 24].
92) G. R. Acad. sc. Paris 36 (1853), p. 943; 37 (1853), p. 272.
93) Id. 41 (1855), p. 1097. Ce théorème y est déjà appelé „principe de
correspondance“.