342 G- Fano. III 5. La théorie des groupes continus et la géométrie. E. Cartan.
ces éléments, d’un système de coordonnées, les théorèmes fondamen
taux de cette géométrie sont fournis par la solution du problème
d’analyse suivant: Étant donnée une variété, et dans cette variété un
groupe de transformations, déterminer tous les invariants de ce groupe.
Un invariant est une fonction des coordonnées qui conserve sa forme
pour toute transformation du groupe fondamental; on distingue les
invariants absolus et les invariants relatifs: ceux-ci ne se reproduisent
qu’à une puissance près d’un facteur dépendant des paramètres de la
transformation. Les invariants précédents sont les invariants du corps
des éléments générateurs de l’espace; tout corps fini peut admettre
des invariants, fonctions des coordonnées des éléments du corps. Cer
tains corps peuvent ne pas admettre d’invariants; mais il existe tou
jours des corps finis qui en admettent. Il existe aussi d’autres espèces
d’invariants, les invariants différentiels. Dans sa théorie des groupes
de transformations, S. Lie a résolu dans ses traits essentiels le pro
blème de la détermination des invariants. Nous y reviendrons plus
loin [n° 45].
Le point de vue de F. Klein a l’avantage de mettre en évidence
la vraie nature de la géométrie différentielle et de montrer que cette
géométrie ne s’oppose pas à la géométrie projective ou à la géomé
trie algébrique. Elle ne s’oppose qu’à la géométrie de l'espace complet.
De même qu’il y a une géométrie métrique, une géométrie projective,
etc. qui traitent des propriétés métriques, projectives, etc. de l’espace
pris dans son intégralité, il y a une géométrie différentielle métrique,
une géométrie différentielle projective, etc. qui traitent des propriétés
métriques, projectives etc. de l’espace limité à l’entourage d’un point.
La théorie des invariants différentiels est du domaine de ces géomé
tries différentielles.
Dans son Programme d’Erlangen 6 ), F. Klein a indiqué plusieurs
groupes géométriques dont les théories n’ont été développées que plus
tard. De nouveaux groupes géométriques ont été considérés depuis,
quelques-uns de leurs sous-groupes ont été ensuite étudiés pour eux-
mêmes. Nous nous bornerons dans ce qui suit aux plus importants.
4. La géométrie élémentaire et son groupe fondamental. La
géométrie euclidienne. Le groupe fondamental de la géométrie élé
mentaire, dont il a déjà été question, est formé de l’ensemble des
transformations par similitude, qui comprennent en particulier les dé
placements et les retournements: ces derniers, que l’on appelle aussi
«opérations de deuxième espèce», sont les produits d’un déplacement et
d’une symétrie. Analytiquement et en coordonnées cartésiennes dans
l’espace E 3 , toutes ces transformations résultent de la composition: