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III 1. F. Enriques. Questions d’ordre élémentaire.
ne s’appuyant que sur les concepts „point“ et „paires équidistantes“;
mais les postulats de B. Levi ne définissent pas seulement la géomé
trie habituelle: ils définissent aussi un système géométrique plus gé
néral; à l’aide des concepts de disposition, ce système plus général
conduit d’ailleurs à la géométrie métrique habituelle (aussi bien eucli
dienne que non-euclidienne).
A côté de ces travaux il y a lieu de mentionner un mémoire
de B. Kagan 127 ) où l’on trouve un système de définitions et de
postulats propres à caractériser la géométrie euclidienne en prenant
comme base les concepts fondamentaux „point“, „mouvement“ (trans
formation des points) et „distance“ (considérée comme invariante
au point de vue des mouvements). Les développements de B. Kagan
sont très clairs et ses postulats sont plutôt simples; mais cette
simplicité est obtenue en supposant que la distance est immédiate
ment représentée par un nombre; cette supposition remplace en par
ticulier les concepts de la disposition; il convient d’ailleurs d’observer
qu’elle semble en contradiction avec le point de vue auquel se place
B. Kagan.
Dans une voie différente, mais en suivant cependant encore les
idées directrices de l’Ecole de logique mathématique de G. Feano,
O. Véblen 128 ) a établi un système de postulats très simples dans lesquels
le „point“ et les „triples de points se succédant en ligne droite“
apparaissent comme des concepts primitifs; il a aussi cherché à dé
finir la congruence en se basant sur ces postulats. Mais cette dernière
définition se fonde sur le choix arbitraire d’une certaine polarité
[pour ce qui concerne le fondement projectif de la géométrie métrique,
cf. n 08 28, 301 et elle semble, par suite, ne faire que déguiser l’intro
duction d’un nouveau concept primitif.
13. Continuité et postulat d’Archimède. L’analyse du con
cept de continuité a reçu de nos jours une grande extension par
suite du développement des considérations infinitésimales (cf. n 08 46
à 52). On rencontre cependant déjà des traces de cette analyse dans
quelques théories développées par les géomètres grecs, en particulier dans
la théorie des proportions, où ces géomètres sont parvenus à surmonter
les difficultés qui se présentent quand le rapport des grandeurs en
proportion est incommensurable 129 ), et dans l’emploi de la méthode
127) Jahxesb. deutsch. Math.-Ver. 11 (1902), p. 403.
128) Trans. Amer. math. Soc. 5 (1904), p. 343; *voir aussi E. H. Moore, id. 3
(1902), p. 147; F. Schur, Grundlagen 81 ), p. 8.*
129) Eudide, Elementa, livre 5, déf. 5; Opéra, éd. J. L. Heiberg 2, Leipzig
1884, p. 2.