15. Développement de la théorie des parallèles.
45
velles théories. Le nom de „géométrie absolue“ provient de la croyance
à la validité absolue des postulats géométriques autres que celui des
parallèles. Le nom de „géométrie non-euclidienne“, dont C.F. Gauss m )
faisait usage, peut être pris à bon droit au sens propre quand on
considère le système géométrique correspondant comme résultant de
la négation du postulat d’Euclide; on s’en est servi quelquefois
d’une façon impropre pour désigner la géométrie qui comprend à la
fois le cas euclidien et le cas non-euclidien. Nous ne ferons usage
de ce nom de „géométrie non-euclidienne“ qu’au sens propre et nous
adopterons pour désigner le système géométrique comprenant à la fois
la géométrie euclidienne et la géométrie non-euclidienne le nom de
géométrie générale.
Les résultats de N I. Lohacevslcij et de J. Bolyai n’épuisent d’ailleurs
pas tout le champ de la géométrie non-euclidienne. Ils supposent
toujours, en eiîet, que la droite a une longueur infinie. Or on peut
supposer, au contraire, que la droite a une longueur finie et, dans cette
hypothèse, on arrive à un système de géométrie non-euclidienne bien
différent des précédents, comme l’a montré B. Biemann 177 178 ) (cf. n° 26).
15. Développement de la théorie des parallèles. Nous allons
chercher à préciser le fondement sur lequel repose la théorie générale
des parallèles.
Convenons tout d’abord d’admettre les propositions fondamentales
relatives à la droite et au plan ainsi qu’à la congruence et au
mouvement, sur lesquelles s’appuient les 28 premières propositions
dFuclide. Considérons une droite a et un point extérieur A. Con
struisons le faisceau de droites projetant, depuis A, les points de a.
Les droites limites de ce faisceau sont désignées sous le nom de parallèles
à a menées par A. Dans l’hypothèse euclidienne il y a une parallèle
à a menée par A, et une seule. Mais deux autres hypothèses sont
compatibles avec les postulats déjà admis: dans l’une de ces hypothèses,
qui est celle de J. Bolyai et N. 1. Lobacevskij, on peut mener deux
parallèles à a par A; dans l’autre, qui est celle de B. Biemann, on ne
peut mener aucune parallèle à a par A.
Si, relativement à une droite a et à un point A, on admet une
de ces trois hypothèses, cette même hypothèse se trouve vérifiée par
rapport à toute autre droite & et à un point B quelconque extérieur
à h. De toute façon, si & est une parallèle à a menée par un point A,
177) *Werke 8, Gôttingue (Leipzig) 1900, p. 220.*
178) +B. Biemann, Habilitationsschrift 12 ); Abh. Ges. Gott. 13 (1866/7), éd. 1868,
math. p. 133 et suiv.; Werke, (2 e éd.) publ. par H. Weber, Leipzig 1892, p. 272
et suiv.; trad. L. Laugel, Paris 1898, p. 280 et suiv.*