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HI 1. F. Enriques. Questions d’ordre élémentaire.
se coupent toujours en deux points, on a regardé cette propriété
comme convenant à la géométrie analytique plane à laquelle ne saurait
dès lors s’appliquer le postulat: „deux points déterminent une droite".
Cette manière de voir a été rectifiée par F. Klein 188 ) qui a mon
tré que quand on reporte sur une surface donnée les constructions
concernant la géométrie plane non euclidienne, ce n’est que ce qui
concerne une région limitée du plan qui s’identifie avec ce qui con
cerne une région limitée de la surface et que, par suite, il n’est pas
permis a priori d’appliquer au plan ce qui se dit de la surface con
sidérée dans sa totalité (cf. n os 24 et 43).
La géométrie plane non-euclidienne se reflète entièrement, non
dans la géométrie sur la splière, mais dans la géométrie ordinaire des
gerbes de droites, ce qui signifie qu’en substituant aux „points" du
plan les „droites" de la gerbe et aux expressions „droite" et „distance",
celles de „faisceau" et „angle", toutes les propositions du plan elliptique
qui constituent la géométrie elliptique se ramènent aux propositions
ordinaires de la géométrie de la gerbe, et inversement.
On voit ainsi la parfaite compatibilité de l’hypothèse elliptique
du plan avec les postulats de la droite et de la congruence dans
le plan.
Toutefois les interprétations des géométries planes non-euclidiennes
ne sauraient suffire pour établir l’indépendance du postulat d’Euclide
à l’égard des premiers postulats de la géométrie dans l'espace, parce
qu’elles n’excluent pas la possibilité de démontrer le postulat d’Euclide
par des constructions dans l’espace (analogues à celles par lesquelles
on démontre le théorème des triangles homologues situés dans un
même plan sans s’astreindre à ne construire que des figures situées
dans ce plan).
On se rend ainsi bien nettement compte de la nécessité de chercher
dans Vespace la preuve de la possibilité logique de la géométrie non-
euclidienne.
Cette preuve se tire de la théorie des variétés à trois dimensions
ayant une courbure constante (n° 31 h) ou encore, quand on se place
au point de vue de F. Klein, elle se rattache à la détermination mé
trique que A. Cayley applique à chaque quadrique 189 ).
188) *F. Klein, Math. Ann. 6 (1873), p. 140. Voir aussi ce que dit F. Klein
[Jahrb. Fortschr. Math. 8 (1876), éd. 1878, p. 313/4] à propos de J. Urischauf,
Elemente der absoluten Geometrie, Leipzig 1876. Cf. W. Killing, Geometrie 77 )
1, p. 362, note 12.*
189) Cf. A. Clebsch, Yorlesungen über Geometrie publ. par F. Lindemann 2 1 ,
Leipzig 1891, p. 540 (section 3, § 8).