16. Nouveaux développements sur la théorie des parallèles.
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Chacune de ces démonstrations fournit la preuve de l’indépen
dance du postulat d’Euclide par rapport aux postulats qui concernent
les relations de droites et de plans, la congruence et la continuité;
elle montre aussi la possibilité d’établir l’existence logique des procédés
employés soit par les formules analytiques non contradictoires que
l’on a établies, soit en supposant donnée comme possible, sur la base
de l’intuition, la géométrie euclidienne ordinaire [voir à ce sujet n° 4].
C’est ainsi que se pose, au point de vue philosophique, le pro
blème de savoir si la géométrie non euclidienne peut représenter non
seulement une possibilité logique, mais aussi une possibilité physique.
A cet égard on observera tout d’abord que l’expérience seule
peut décider en dernier ressort. Mais une expérience ne saurait être
effectuée qu’avec une certaine approximation. Il en résulte que si des
expériences dans lesquelles on constaterait par exemple que la somme
des angles d’un triangle est, au degré d’approximation avec lequel on
opère, inférieure à deux angles droits, fourniraient une preuve certaine
de la légitimité de la géométrie hyperbolique, il ne sera jamais
possible, quelque loin que l’on pousse l’approximation des mesures, de
conclure de mesures effectuées, concernant la somme des angles d’un
triangle, la certitude physique de l’hypothèse euclidienne 190 191 ).
En fait, les mesures géodésiques m ) ou astronomiques 192 ) d’angles
de triangles physiques effectuées jusqu’ici n’ont jamais permis de
reconnaître que la somme des angles de quelque triangle physique
diffère effectivement de deux angles droits, soit en plus, soit en moins 193 ).
b) Pour répondre à la seconde des deux questions posées, nous
nous contenterons d’énumérer les principales hypothèses équivalentes
au postulat d’Euclide, quand on admet toutes les hypothèses con
cernant la liaison (n° 9, «), la disposition (n° 10, ß), la congruence
(n° 11, ß) et la continuité, en modifiant toutefois les postulats ß du
n° 10 de façon qu’ils n’impliquent pas nécessairement l’idée de la droite.
1) Existence d’une seule parallèle menée par un point à une
droite donnée.
2) Existence de deux droites d’un plan qui ne se coupent pas
et sont équidistantes.
190) Cf. F. Enriques, Problemi délia scienza 23 ), p. 289.
191) C. F. Gauss, Disquisitiones circa superficies curvas [Commentât. Soc. Gott,
recent. 6 (1823/7), éd Göttingen 1828, § 28]; Göttingische gelehrte Anzeigen 1827,
p. 1767/8; Werke 4, Göttingue 1880, p. 257/8, 346/7; cf. Werke 8, Göttingue
(Leipzig) 1900, p. 267/8.
192) F. Engel, N. I. Lobatschewski] 17S ) 1, p. 22, 78.
193) Cf. F. Zöllner, Wiss. Abh. 1, Leipzig 1878, p. 229.
Encyolop. des scienc. mathémat. III 1.
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