18. Nouveaux développements de la théorie.
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18. Nouveaux développements de la théorie des proportions
au sens des anciens. Dans les Eléments d’Euclide™ 2 ) on rencontre
quelques propositions qui sont établies deux fois, une fois à l’aide
de l’égalité des aires, une seconde fois à l’aide de la théorie arithmé
tique des proportions. H. G. Zeuthen * 233 ) suppose qu’il y a là comme
le dernier reflet d’une ancienne divergence de vues sur la façon de
traiter les problèmes, divergence naturelle reposant en dernière analyse
sur les difficultés inhérentes à l’introduction des rapports incommen
surables. Ces difficultés ayant été complètement surmontées par les
géomètres qui ont fondé la théorie des proportions, vraisemblablement
peu de temps seulement avant qu’Euclide n’ait rassemblé les maté
riaux à l’aide desquels il a composé ses „Eléments" 234 ), il est fort
compréhensible que, tout en cherchant dans son ouvrage à mettre en
pleine lumière les procédés arithmétiques de la théorie des proportions,
il ait aussi insisté sur les démonstrations usuelles faites à l’aide des
méthodes purement géométriques.
Les développements qui visent à dégager la géométrie de toute
considération relative au concept du nombre ont été reprises de nos
jours et l’on est ainsi parvenu à édifier une théorie purement géométrique
des proportions entre segments de droite. Cette théorie fournit une
méthode directe d’investigation géométrique entièrement indépendante
de l’arithmétique.
Les théorèmes qui peuvent servir de fondement à cette façon
de procéder sont:
1) le théorème concernant la proportionalité des segments déter
minés sur les côtés d’un angle par des droites parallèles entre elles 235 ).
Ce théorème a été attribué par quelques auteurs 236 ) à Thalès et,
pour abréger, nous conserverons dans ce qui suit cette dénomination
quoi qu’elle n’ait aucune raison d’être.
23*2) Par exemple, le problème résolu deux fois: Elementa, livre 2 prop. 11
et livre 6 prop. 30 [Opéra, éd. J. L. Heiberg 1, Leipzig 1883, p. 152; 2, Leipzig
1884, p. 170].
233) H. G. Zeuthen, Forelaesning 46 ), trad. J. Mascart, p. 90, lignes 5/8.
234) *On attribue ordinairement à Eudoxe la théorie des proportions for
mulée d’une façon rigoureuse. Voir à ce sujet H. G. Zeuthen, Forelaesning 46 ),
trad. J. Mascart, p. 89. Cette théorie était déjà familière à Aristote qui était
de vingt ans plus jeune qu 'Eudoxe [cf. J. E. Heiberg, Abh. Gesch. Math. 18 (1904),
p. 11/2] (Note de G. Enestrdm).*
235) Cf. Euclide, Elementa, livre 6, prop. 2; Opéra, éd. J. L. Heiberg 2, Leipzig
1884, p. 76/81.
236) *Pour ce qui concerne les raisons peu concluantes de cette attribu
tion, voir P. Tannery, La géométrie grecque, Paris 1887, p. 91 (Note de
G. Enestrdm).*