PRÉFACE DE LA PREMIÈRE ÉDITION
S’il est vrai, comme on le prétend, que l’Arithmétique ne
soit pas très en faveur dans notre enseignement secondaire, il
faudrait le déplorer. Je suis de ceux, je l’avoue, qui regrettent
qu’on l’ait rayée du programme de quelques-unes de nos
grandes écoles scientifiques. On a voulu, sans doute, alléger ces
programmes, allégement sans doute bien désirable, et que de
temps en temps on s’efforce de réaliser; mais il arrive d’habi
tude que les articles qu’on supprime sont moins lourds que
ceux qu’on introduit. Il semble qu’il y ait, à l’accroissement de
ces programmes, comme une nécessité inéluctable qui se joue
des meilleures intentions. Mais n’y a-t-il pas quelque impru
dence pour le bon équilibre des esprits, dans cet amoncellement
de connaissances qu’on exige des candidats, à diminuer la charge
par la base? Bien des jeunes gens, pressés d’arriver ou tout au
moins d’être ou de paraître en mesure de se présenter aux
examens, entrent dans des classes préparatoires avec des connais
sances insuffisantes, et ne s’en inquiètent pas pourvu que ces
connaissances ne figurent pas au programme. Il faut, aux pro
fesseurs qui se chargent de les préparer, toutes les ressources d’un
art extraordinaire pour construire sur le vide un édifice com
pliqué qui est destiné à faire illusion, à moins que, par malheur,
il ne croule. Peut-être serait-il sage de prévenir les candidats
des dangers qu’ils courent en abordant trop tôt les parties
élevées des programmes, et de laisser inscrites, en tête de ces
programmes, les connaissances fondamentales qu’ils supposent.
Ce serait affaire aux examinateurs de ne pas être trop exigeants