3*70 HISTOIRE
elles ont en quelque sorte le défaut d’introduire dans la géo
métrie des notions qui lui sont étrangères, telles que celles
des vitesses d’accroissement ou de décroissement, ce qui im
plique les idées métaphysiques du mouvement , du temps et
de l’espace.
La méthode des limites appliquée au développement et à la
démonstration des nouveaux calculs, force à la vérité l’assen
timent à leurs résultats; mais c’est une méthode indirecte qui ne
sauroit satisfaire l’esprit autant qu’une méthode directe. Aussi
a-t-on vu dès la naissance de ces calculs, Rolle, Nieuwentiit,
&c. , et long-temps après le célèbre évêque de Cloyne ( le
docteur Berkley ), les inculper de notions fausses , incomplètes,
et les taxer d’erreur, ou au moins d’incertitude. Il est vrai qu’à
l’époque de cette dernière attaque , Maclaurin les défendit et
établit leurs principes sur des démonstrations à la manière des
anciens. Mais quelle prolixité fatiguante , quel circuit de rai-
sonnemens n’est-il pas obligé d’employer ! Encore , conservant
les idées de fluxions, retombe-t il, à la rigueur, dans l’incon
vénient remarqué plus haut , savoir d’introduire dans la géo
métrie des notions propres à une partie des mathématiques moins
simple que celle ci.
Les géomètres ne pouvoient donc trop accueillir , comme
ils ont fait, le beau travail du citoyen Lagrange, qui réduit,
dans l’ouvrage cité , à des notions tirées de l’Analyse pure et
finie , tous les procédés des calculs différentiel et intégral. Nous
allons tâcher d’en donner une idée , telle que la comportent
les limites de cet ouvrage.
Le premier pas à faire dans l’établissement de cette théorie,
et le premier que fait le cit. Lagrange , est de déterminer la
forme que prend une fonction ( par exemple celle de x ou F (æ),
lorsque cette variable prend un accroissement quelconque fini,
que nous désignerons par i. Or il commence à démontrer que
que la valeur de cette fonction de cc i étant développée en
une série ordonnée selon les puissances de i, ne peut être que
de cette forme F (¿u-hz ) — F (x) pi -f- qï -y- ri) -t- &c. dans
laquelle p, q, r, s , &c. sont de nouvelles fonctions de x ,
qu’il fait voir se déduire successivement les unes des autres par
un procédé uniforme.
En effet, d’abord l’accroissement i , ni aucune de ses puis
sances ne peut se trouver comme dénominateur dans aucun de
ces termes , puisque en supposant cet accroissement — o , la
fonction qui dans ce cas doit évidemment se réduire à la simple
fonction donnée de x, seroit infinie. Il ne peut y avoir , d’un
autre côté, dans ces termes des puissances fractionnaires de z,