DES MATHÉMATIQUES. Part. V. Liv. I. 333
Jean * qui débutait seulement alors, sons les ailes de son père,
dans la carrière de la géométrie transcendante. Leibnitz ayant
donc communiqué à Bernoulli son problème , il ne fut pas
difficile à ce dernier de lui montrer que l’on n’anroit pas beau
coup de peine à satisfaire à son défi ; sur quoi Leibnitz ayant
répondu à Bernoulli qu’il lui feroit plaisir de lui indiquer quelque
cas de ce problème plus difficile et capable d’embarrasser quel
qu’un qui ne seroit pas profondément versé dans les nouvelles
méthodes , il lui indiqua celui-ci :
Sur un axe donné et d’un point donné comme sommet,
décrire une suite de courbes dont la propriété soit telle, que
le rayon osculateur soit coupé par son axe en une raison
donnée f et ensuite construire la trajectoire ou les trajectoires
qui couperont cette suite de lignes à angles droits. Il entroit
aussi dans les conditions du problème de le ramener au moins
à une équation différentielle du premier degré, susceptible de
construction , au moyen des quadratures.
Le problème proposé de cette manière est en effet d’une
difficulté fort supérieure à celle du premier, car il dépend
absolument de la méthode inverse des tangentes, et il est fort
facile en le traitant de tomber dans des différentielles ou flu
xions de degrés supérieurs , fort compliquées et presque irré
ductibles à d’inférieurs $ c’est le défaut d’une solution générale
de l’ancien problème des trajectoires proposé dès 1698, donnée
par un anonyme anglois (1) qui, content de tracer la route
qui doit conduire à la solution , s’abstient de donner aucun
exemple , sous prétexte de l’inutilité du problème. On aurait
pu lui répondre que sous un pareil prétexte , il faudroit re
trancher bien des branches de la géométrie , et que d’ailleurs
on ne doit point regarder comme inutile toute question géo
métrique qui exige pour sa résolution un nouveau degré de
perfection , un nouvel artifice dans l’analyse. Ce petit écrit
paroît néanmoins de main de maître , et je le crois de Neuton ,
qui pouvoit, d’après ses lauriers géométriques , se dispenser
de rentrer dans la carrière , mais qui peut-être en cette oc
casion y jugea le problème un peu légèrement , ou céda aux
dispositions peu favorables où il était pour Leibnitz et ses
amis , dont il avoit à se plaindre. Mais je reviens au problème
proposé de nouveau par Leibnitz.
Taylor soutint ici la gloire de l’Angleterre en géométrie ;
car il annonça d’abord et donna dans les Transactions de
1717, une solution du double problème à laquelle il n’y a rien
à redire } car je regarde comme de petites chicanes quelques
Ci} Trans, philos, ann. 1716. Joan, Bernoulli. Opp. t, il, p, 274,.