€i% HISTOIRE
Au reste, ce principe est non-seulement en Ini-même très-
simple et très-général 5 il a de plus l’avantage précieux et unique
de pouvoir se traduire en une formule générale qui renferme
tous les problèmes qu’on peut proposer sur l’équilibre des corps.
La Grange expose cette formule dans toute son étendue. 11 la
présente même d’une manière encore plus générale qu’on ne
l’avoit fait avant lui, et il donne des applications nouvelles
pour un système quelconque de forces , dans sa Mécanique
analytique.
I I.
Principes de Dynamique.
La Dynamique est la science des forces accélératrices ou retar
datrices et des inouvemens variés qu’elles peuvent produire. Cette
science est due entièrement aux modernes , et Galilée est celui
qui en a jeté le premier fondement. Avant lui on n’avoit con
sidéré les forces qui agissent sur les corps que dans l’état d’équi
libre , et quoiqu’on ne pût attribuer l’accélération des corps
pesans et le mouvement curviligne des projectiles qu’à l’action
constante de la gravité, personne n’avoit encore réussi à déter
miner les lois de ces phénomènes. Galilée fit le premier ce pas
important, et ouvrit par-là une carrière nouvelle et immense à
l’avancement de la mécanique. Ces découvertes sont exposées et
développées dans l’ouvrage intitulé : Dialoghi delle scienze
nuove , lequel parut pour la première fois à Leyde en 1637. Elles
ne procurèrent pas à Galilée, de son vivant, autant de célébrité
que celles qu’il avoit faites sur le système du monde ; mais elles
font aujourd’hui la partie la plus solide et la plus réelle de la gloire
de ce grand homme , au jugement de la Grange. Car, dit-il, les
découvertes des satellites de Jupiter , des phases de Vénus , des
taches du soleil, ne demandoient que des télescopes et de l’as
siduité ; mais il falloit un génie extraordinaire pour démêler les
lois de la nature dans des phénomènes que l’on avoit toujours eus
sous les yeux, et dont l’explication avoit néanmoins toujours
échappé aux recherches des philosophes.
Huygens, qui paroît avoir été destiné à perfectionner et com-
pletter la plupart des découvertes de Galilée, ajouta à la théorie
de l’accélération des graves celles du mouvement des pendules et
des forces centrifuges, et prépara ainsi la route à la grande dé
couverte de la gravitation universelle.
La mécanique devint une science nouvelle entre les mains de
Newton, et ses principes mathématiques, qui parurent pour la
première fois en 1687, furent l’époque de cette révolution.