DES MATHÉMATIQUES. Part. V. Liv. III. 613
Enfin, l’invention du calcul infinitésimal, mit les géomètres
en état de réduire à des questions analytiques les lois du mou
vement des corps ; la recherche des forces et des mouvemens qui
en résultent, est devenue depuis le principal objet de leurs tra
vaux , et le cit. de la Grange , dans sa mécanique analytique ,
a donné encore un nouveau moyen de faciliter cette re
cherche.
Pour calculer le mouvement d’un corps , le moyen le plus
simple est de rapporter le mouvement à des directions fixes
dans l’espace. Alors en employant, pour déterminer le lieu du
corps dans l’espace, trois coordonnées rectangles qui aient ces
mêmes directions, les variations de ces coordonnées représen
teront les espaces parcourus par le corps, suivant les directions
de ces coordonnées ; par conséquent leurs différentielles secondes,
divisées par le carré de la différentielle constante du temps ,
exprimeront les forces accélératrices qui doivent agir suivant ces
mêmes coordonnées. Ainsi, en égalant ces expressions à celles
des forces données par la nature du problème, on aura trois
équations semblables qui serviront à déterminer toutes les cir
constances du mouvement. Cette manière de déterminer le mou
vement d’un corps animé par des forces accélératrices quel
conques , est, par sa simplicité , préférable à toutes les autres. IL
paroît que Maclaurin est le premier qui l’ait employée clans son
Traité des Fluxions , imprimé en 1742 : elle est maintenant
universellement adoptée.
Mais si on cherche le mouvement de plusieurs corps qui
agissent les uns sur les autres par impulsion ou pression , soit
immédiatement comme dans le choc ordinaire , ou par le moyen,
de fils , ou de leviers inflexibles auxquels ils soient attachés, ou en
général par quelqu’autres moyens que ce soit, alors la question
est d’un ordre plus élevé , et les principes précéclens , sont insuf-
fisans pour la résoudre ; car ici les forces qui agissent sur les
corps sont inconnues, et il faut déduire ces forces de l’action
que les corps doivent exercer entre eux , suivant leur disposition
mutuelle. Il est donc nécessaire d’avoir recours à un nouveau
principe qui serve à déterminer la force des corps en mouve
ment, eu égard à leur masse et à leur vitesse.
Ce principe consiste en ce que, pour imprimer à une masse
donnée une certaine vitesse,suivant une direction quelconque,soit
que cette masse soit en repos, ou en mouvement, il faut une force
dont la valeur soit proportionnelle au produit de la vitesse, et
dont la direction soit la même que celle de cette vitesse. Ce
produit de la masse d’un corps multipliée par sa vitesse, s'ap
pelle communément la quantité de mouvement de ce corps , parce
qu’en effet c’est la somme des mouvemens de toutes les parties