DES MATHÉMATIQUES. Part. V. Liv. III. 62,9
solider cette base, et c’est ce que fit d’Alembert comme nous
lavons remarqué page 62,6. On peut dire enfin que par la et
par diverses observations qu’on lit dans cet ouvrage et divers
autres de d’Alembert, il a jeté une grande lumière sur cette
branche de nos connoissances, et dissipé les légers nuages qui
en couvroient encore quelques parties.
D’Alembert traite encore dans l’édition de 1796 une ques
tion qui a beaucoup occupé les métaphysiciens allemands, et
qui fut proposée pour sujet de prix, par l’Académie de Berlin,
savoir : Si les lois de la mécanique et de la statique sont des
vérités nécessaires ou contingentes. La meilleure pièce sur ce
sujet nous a paru être celle du savant physicien et profond
métaphysicien Bulfinger. Il n’hésite pas à les regarder comme
des vérités nécessaires, c’est à-dire pour fixer l’état de la question,
que la nature des corps étant telle qu’elle a été établie par l’au
teur de l’univers, c’est-à-dire, douée d’impénétrabilité, les lois
de la statique et de la mécanique en sont une suite nécessaire,
comme des propriétés de l’étendue suivent nécessairement toutes
les vérités géométriques. Tel est aussi le sentiment de d’Alem
bert, qu’il établit sur une suite de réflexions métaphysiques lu
mineuses et profondes.
La question des forces vives devoit nécessairement fixer l’at
tention d’un auteur qui écri voit sur la Dynamique, ou la Science
des forces. D’Alembert ne pouvoitse dispenser d’en parler; mais
il ne prend pas le change; entrer dans cette discussion où chaque
adversaire puise dans une métaphysique plus ou moins déliée
de nouvelles raisons ; c’eût été s’écarter inutilement de son objet,
quelle que soit la manière d’estimer les forces des corps en mou
vement, les principes de solution établis par d’Alembert sont
indépendans de cette question. Les problèmes qu’il analyse et
qu’il résoud , se réduisent uniquement à déterminer des vitesses
et des directions de masses données ; chacun des tenans , dans
ce grand combat, estimera ensuite comme il le voudra la force
des corps dont il connoîtra la vitesse ; aussi trouva-t-il que c’étoit
une question de mots , comme nous l’expliquerons dans l’ar
ticle suivant,
V.
De la question des Forces vives.
Il est rare de voir les mathématiciens disputer sur les prin
cipes ; c’est cependant ce qu’on vit, avec une sorte de scandale ,
vers le commencement du dix-huitième siècle, et pendant qua-