632 HISTOIRE
Bernoulli résista longtemps (i) et même presque au poïntd’indis-
Î >oser Leibnitz. Cependant il se mit à examiner plus sérieusement
es raisonnemens de Leibnitz et les réponses à ses objections ;
cet examen le détermina enfin à adopter son opinion , dont il
devient bientôt après le plus zélé partisan. Il faut cependant
observer qu’il convient lui-même (2.) que ce furent moins les
raisonnement de Leibnitz, dont il ne fut jamais parfaitement
satisfait, que ses réflexions propres qui lui firent adopter cette
nouvelle estimation de la force dépendante du mouvement.
Il paroît cependant que Leibnitz et Bernoulli , contens d’être
du même avis sur cette question , et d’avoir un nombre de par
tisans, n’insistèrent pas beaucoup pour s’en faire de nouveaux,
ensorte que la distinction des forces vives étoit en quelque sorte
concentrée entre un fort petit nombre de mécaniciens géomètres
lorsque l’Académie des Sciences proposa, en 1724, pour sujet
d’un de ses prix, la question de la communication du mouvement.
Cette question avoit une trop grande liaison avec celle des forces
vives pour ne pas renouveller la guerre commencée. Maclaurin ,
jeune encore , attaqua dans sa dissertation l’opinion de Leibnitz
avec force; et Bernoulli, dans la pièce qu’il envoya, tâcha de
l’établir avec toute la vigueur dont il étoit capable. Le P,
Mazeas, adversaire des forces vives fut couronné; on peut voir
ce qui empêcha Bernoulli de l’être, dans l’éloge que d’Alem-
bert publia de ce grand géomètre après sa mort arrivée en 174b.
Mais la pièce de Bernoulli, fut aussi imprimée.
C’est proprement à cette datte que la querelle des forces vives
s’engagea entre les géomètres métaphysiciens de l’Europe ; car,
quoique la pièce de Bernoulli n’eût pas remporté le prix, ses
raisons y étoientexposées avec tant de force,que malgré l’avantage
du parti contraire , un grand nombre d’hommes célèbres se
rangea de son côté. Si d’une part' on compte les Maclaurin, Stir
ling, Clarcke, Desaguliers et autres Angiois; de l’autre, on peut
citer Bernoulli, Herman, ’sGravesande , Musschenbroek, Poléni,
Wolf, Bulfinger, et une grande partie des savans du continent
surtout de l’Allemagne. On a opposé , raisons à raisons; les expé
riences les plus décisives en apparence , ont reçu des explications
qui semblent elles-mêmes rte rien laisser à désirer.
On peut réduire les preuves apportées par Leibnitz et ses par
tisans à deux espèces, savoir à des expériences , en conséquence
desquelles il raisonnent, et à des raisonnemens métaphysiques,
jious allons commencer par les expériences.
La première et la plus simple de toutes est celle dont nous
(j) Commercium Epistolicum Leibnitii et Bern. tonj. J.
(3; /discours sur la connu, du mouvement.
avons