DES MATHÉMATIQUES. Part. V. Liv. III. 683
pour déterminer le mouvement des fluides qui coulent dans les
tuyaux dont la largeur est assez petite et varie peu 3 il faut alors
considérer à-la-fois tous les mouvemens des particules du fluide
et examiner comment ils doivent être changés et altérés par la
figure du canal. Or, l’expérience apprend que quand le tuyau a une
direction peu différente de la verticale, les différentes tranches
horizontales du fluide conservent, à très-peu-près , leur paral
lélisme 3 ensorte qu’une tranche prend toujours la place de cello
qui la précède 3 d'où il suit, à cause de l’incompressibilité du
fluide , que la vitesse de chaque tranche horizontale , estimée ,
suivant le sens vertical , doit être, en raison inverse de la
largeur de cette tranche, largeur qui est donnée par la figure
du vase.
Il suffit donc de déterminer le mouvement d’une seule tranche,
et le problème est, en quelque manière , analogue à celui du
mouvement d’un pendule composé. Ainsi , comme selon la
théorie de Jacques Bernoulli, les mouvemens acquis et perdus à
chaque instant par les differens poids que forment le pendule , se
font mutuellement équilibre dans le levier 3 il doit aussi y avoir
équilibre dans le tuyau entre les différentes tranches du fluide,
animées chacune de la vitesse acquise ou perdue à chaque instant.
Ainsi, par l’application des principes déjà connus de l’équilibre
des fluides , on auroit pu d’abord déterminer celui du pen
dule composé. Mais ce n’est jamais par les routes les plus simples
et les plus directes , que l’esprit humain parvient aux vérités, de
quelque genre qu’elles soient, et la matière que nous traitons en
fournit un exemple frappant.
Nous avons exposé les différens pas qu’on avôit faits pour
arriver à la solution du problème du centre d’oscillation , et
nous y avons vu que la véritable théorie de ce problème n’avoit
été découverte par Jacques Bernoulli que long-temps après que
Huygens l’eut résolu par le principe indirect de la conservation
des forces vives. Il en a été de même du problème du mouvement
des fluides dans des vases , où il est surprenant qu’on n’ait pas su
d’abord profiter, pour celui-ci, des lumières qu’on avoit déjà
acquises par l’autre.
Nous verrons bientôt que Daniel Bernoulli y parvint j mais il
faut auparavant parler de quelques autres ouvrages.
Michelotti , célèbre médecin italien, fit aussi des recherches
expérimentales et théoriques dans son livre de Separatione fini-'
dorum in corpore animati. 11 y rejette la cataracte newtonienne,
en quoi il critique ainsi que sur quelques autres points , le doc
teur Jurin. Sa manière d’envisager le problème est celle- ci : II-
suppose un vase plein d’eau qui s’échappe par une ouverture per
cée à son fonds et avec une yîtesse produite par la hauteur de la
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