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Après tous ces préliminaires nous en venons enfin à la mé
thode annoncée au commencement de cet article pour déter
miner d’après les vrais principes de la dynamique le mouvement
de l’eau s’échappant d’une ouverture percée au dessous de son
niveau. Daniel Bernoulli, fils de Jean, la déduit de la conser
vation des forces vives. Ce fut l’objet d’un mémoire qu’il donna
dès 1726 à l’Académie de Pétersbourg, intitulé: Theoria nova
de motu aquarum y per canales quoscumque fluentium. Il dit
que son père ayant fait voir combien le principe des forces
vives est utile pour la résolution des problèmes qui seroient
fort difficiles à résoudre par des voies directes, il lui est venu
dans l’esprit de rechercher si ce principe ne pouvoit pas être
utile pour découvrir la vraie théorie des eaux coulantes dans
des tuyaux, et que l’événement a secondé ses expérances.
Il y eût aussi à ce sujet entre Daniel Bernoulli et le comte
Riccati une discussion poussée assez vivement de part et d’autre.
Mais la discussion physico-mathématique dégénéra en une que
relle de procédés, en quoi néanmoins il me semble que le tort
n’étoit pas du côté de Bernoulli. On peut voir au surplus les
pièces de ce petit procès dans les Exercitationes quaedam ma-
thematicae, de Daniel Bernoulli, imprimées à Padoue en 1724.
C’est presque uniquement Thistoire des procès qu’il eut à sou
tenir contre Rizzeti, à l’occasion d’un problème sur les jeux
que ce dernier , esprit faux et pointilleux, prétendoit mal résolu
par Jean Bernoulli et Montmort, et avec Riccati sur la manière
dont Michelotti envisageoit le problème du mouvement des eaux.
En général il paroît que l’on ne voyoit en Italie que de mau
vais œil l’accueil que la république de Venise avoit fait à ces
géomètres allemands, élèves de Leibnitz et Bernoulli ; aussi aban
donnèrent-ils bientôt la partie.
Pendant que Daniel Bernoulli s’occupoit de l’explication des
phénomènes des eaux coulantes dans des canaux, son illustre
père travailloit sur le même objet, mais d’après des principes
différens. Il paroît même qu’il étoit en possession de la prin
cipale partie de sa théorie sur ce sujet dès 1726. Mais son ouvrage
a resté jusqu’à sa mort parmi ses manuscrits; on voit seulement
par une lettre d’Euler qu’il l’avoit communiqué à ce dernier
qui lui témoigne l’extrême satisfaction qu’il en avoit reçue, il
n’a vu le jour parla voie de l’impression que dans le quatrième
volume de ses œuvres , sous le titre de , Joli. Bernoulli hydrau
lica nunc primum detecta et directe demonstrata ex princi
piis pure mecanicis, anno iy3z. Il y procéda en effet plus
directement que n’avoit fait son fils , mais aussi d’une manière
qui prêteroit peut être sujet à contradiction, si les deux théories
ne se confirmoient pas l’une et l’autre aussi bien qu’elles le font,