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ou tuyaux fort étroits : ces suppositions sont très-plausibles et
paroissent confirmées par l’expérience. Mais hors de ce cas
elles s’éloignent de la vérité , et il n’y a plus alors d’autre moyen
pour déterminer le mouvement du fluide que d’examiner celui
que chaque particule doit avoir. Voyez le Mémoire de Borda
sur l’écoulement des fluides par l’orifice des vases , Mémoire
de VAcadémie, de 1766.
Clairaut a voit donné dans sa Théorie de la figure de la terre,
imprimée en 1743, les loix générales de l’équilibre des fluides,
dont toutes les particules sont animées par des forces quel
conques; il ne s’agissoit donc que de passer de ces loix à celles
de leur mouvement, par le moyen du principe auquel d’Alem-
bert avoit réduit à cette même époque toute la dynamique.
Ce dernier fit, quelques années après , ce pas important à l’oc
casion du prix que l’Académie de Berlin proposa en 1750, sur
la Théorie de la résistance des fluides , et il donna le pre
mier, en 1762, dans son Essai d’une nouvelle théorie sur la
résistance des fluides, les équations rigoureuses et générales
du mouvement des fluides, soit incompressibles, soit compres
sibles et élastiques, équations qui appartiennent à la classe de
celles qu’on nomme à différences partielles, parce qu’elles sont
entre les différentes parties des différences relatives à plusieurs
variables. Par cette découverte toute la mécanique des fluides
fut réduite à un seul point d’analyse ; et si les équations qui
la renferment étoit intégrables , on pourroit dans tous les cas
déterminer complètement les circonstances du mouvement et
de l’action d’un fluide mu par des forces quelconques ; mal
heureusement on n’a pû jusqu’à présent en venir à bout que
dans des cas très-limités.
C’est donc dans ces équations et dans leur intégration que
consiste toute la théorie de l’hydrodynamique. D’Alembert em
ploya d’abord pour les trouver une méthode un peu compliquée,
il en donna ensuite une plus simple ; mais cette méthode étant
fondée sur les loix de l’équilibre, particulières aux fluides, fait
de l’hydrodynamique une science séparée de la dynamique des
corps solides. La réunion que le cit. la Grange a faite dans la
première partie de sa Mécanique analytique de toutes les lois
de l’équibre des corps tant solides que fluides dans une même
formule, et l’application qu’il fait ensuite de cette formule aux
loix du mouvement, l’a conduit naturellement à réunir de même'
la dynamique et l’hydrodynamique comme des branches d’un
principe unique, et comme des résultats d’une seule formule
générale. C’est ce que la Grange fait pour completter son travail
sur la mécanique analytique, où il donne les équations géné
rales pour le mouvement des fluides incompressibles, ( pag. 437 ).