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de Chaillot ; et j’eus le plaisir de voir Vaucanson, notre plus
fameux machiniste, être de mon avis, et dire: «une machine
est toujours une machine, j’aime mieux les acqueducs. »
X I.
Autres machines pour élever l } eau, par Trouville 9 Montgolfière
Vérat, &c\
La vis d’Archimède est la plus ancienne, la plus fameuse et
îa plus singulière des machines employées pour élever l’eau j
elle fût imaginée, dit*on, par ce grand géomètre pour servir
au dessèchement des terreins bas de l’Egypte comme nous l’a
vons dit t. I. p. 2,3o, cette machine ingénieuse et simple dont le
mécanisme étoit généralement mal entendu, a été examinée
et discutée de nos jours par Daniel Bernoulli dans son Hy
drodynamique, par Euler , dans les Mémoires de Pétersbourg,
t. V. ; par Pitot, Mémoires de VAcadémie, 1780; par Paucton,
Théorie de la vis d Archimède, Paris, 1768, in-12, Enfin,
dans un ouvrage plus étendu, Theoria cochleae Archimedis
ab observationibus experimentis et analyticis rationibus ducta,
autore Jacob e Belgrado , e Soc. J. Reg. Sc. Ac ad. Corresp,
&c. Parmæ , 1767, 268 pages i/z-8°.
L’auteur fait voir d’abord que le véritable auteur de cette vis
est bien Archimède, quoique Perrault et les pères Catrou et
Rouillé en aient fort douté. Ils prétendoient que l’usage de cette
machine étoit d’une datte antérieure au siècle d’Archimède ;
ils appuyoient leur opinion sur un passage prétendu de Diodore
de Sicile, qui n’existe point; ils croyoient que la vis avoit servi
autrefois à rendre l’Egypte habitable en épuisant les eaux dont
elle étoit inondée , sentiment qui est tout-à-fait chimérique.
Tous les auteurs anciens, surtout Hérodote et Aristote, nous
assurent que l’Egypte doit aux alluvions et aux attérissemens du
nil le dessèchement de ses terres ; et l’on ne peut imaginer
que par Pusage de îa vis ont ait pii dessécher tout un pays,
dont la longueur est de 200 lieues, et la largeur de 5o : elle
auroit servi tout au plus pour arroser des jardins placés dans
le Delta , ou quelque partie du terrein mieux cultivé que les
autres ; c’est ce que nous apprend Diodore de Sicile.
Le P. Belgrado entreprend d’expliquer la nature et les mystères
de cette vis, et surtout comment il peut arriver que l’eau monte
toujours en descendant. Il fait voir qu’il n’y a rien en cela de
surprenant, c’est-à dire, rien qui ne soit conforme aux loix
de la nature : que l’eau a deux sortes de mouvement, l’un est