Full text: Histoire Des Mathématiques (Tome Troisieme)

DES MATHÉMATIQUES. Part. V. Liv. IV. m 
L’abbé Demandre imagina ensuite une pédale musculaire, 
au moyen de laquelle il espéroit que l’homme feroit un meilleur 
usage de ses forces, en les employant pour faire tourner les 
arbres des roues servant aux divers travaux des arts : il s’est 
servi de cette pédale sur des bateaux pour faire tourner les 
roues à aubes qui servaient à les remonter en s’appuyant sur 
le courant. L’auteur fit plusieurs essais de ce moyen sur la Seine ; 
il fatigua beaucoup l’Académie et le gouvernement, mais Van- 
dermonde, Molard et autres mécaniciens, ne pensèrent point 
qu’en employant les pieds et les mains du travailleur on 
pût gagner pour la force utile, parce que la fatigue devient 
plus grande en employant les muscles des bras et des cuisses ; 
si l’on dépense de deux manières , on perd. Molard et Vander- 
monde l’ont désaprouvée ; cependant il a eu un dédommagement 
du Corps Législatif. 
La meilleure manière d’employer la force de l’homme est 
d’être assis , que la force du jarret soit employée sur un étrier, 
et des bricoles aux épaules sur lesquelles il se renverse $ par-là, 
on pourroit employer des hommes qui auroient perdu les deux 
bras et une jambe. 
On a proposé plusieurs fois de remonter les bateaux avec 
la Pompe à feu ; le cit. Jouffroy d’Abban fit à Lyon , il y a 
vingt ans, l’essai d’un bateau considérable remontant la Saône, 
le i5 juillet 1783, depuis Vaise jusqu’à file Barbe, dont il y 
& procès-verbal par devant notaire. 
L’abbé d’Arnal, chanoine d’Aîais, présenta aussi à l’Académie, 
.en 1780, un procédé pareil dont l’expérience fut faite en petit. 
Le cit. Cugnot fit faire pour l’Arsenal un charriot pour voi- 
fturer des canons, et qui alloit également par la machine à feu 5 
le modèle est au Conservatoire. 
Thilorier proposa en 1796 d’employer un bateau descendant, 
ou radeau de 40 pieds qui se gouvernoit à l’aide de trois treuils 
adaptés à une barquette qui coupoit le courant sous l’angle 
convenable , et présentoit une vanne au courant. On en fit l’expé 
rience. Il y avoit une poulie au Pont-Neuf sur laquelle passoit 
une longue corde à laquelle tenoient le bateau qu’il vouloit re 
monter, et le bateau remonteur qu’il présentoit obliquement 
au courant; l’inclinaison de la vanne donnoit le moyen d’aug 
menter la force , et cela pou voit remplacer les chevaux de renfort 
aux passages des ponts et pertuis. 
Grollier de Servière avoit proposé quelque chose de semblable ; 
on trouve le détail de son procédé avec la figure , dans le Journal 
des ¿Iris t d’après son Recueil , imprimé en 1709; et Thilo 
rier a répondu dans le même journal pour prouver la supé 
riorité de sa machine sur celle de Grollier. 
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