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DES MATHEMATIQUES. Part. V. Liv. IV.
{’écheveau , en sorte qu’il y ait 800 tours avant qu’un iil revienne
dessus l’autre. L’écheveau se dévidé ensuite sur des bobines par
le moyen d’un autre métier, et se tord en même temps. Enfin,
on dévide sur un troisième métier plusieurs fils ensemble; ce
dernier a une invention ingénieuse ; c’est une poulie formée
en champignon dont les deux parties se rapprochent pour dimi
nuer le diamètre de la poulie, lorsque la soie a augmenté le
diamètre des bobines.
On y voit la machine à faire les chaînes, et une autre ma
chine pour remettre ces chaînes dans leur premier état lorsqu’elles
sont allongées par l’usage. Ces ingénieuses machines sont en
pleine activité , en plusieurs endroits : a Romans, à la Saône,
à Anbenas, la soie se vend 3 francs la livre de plus que
l’autre, et le prix de la soie varie de 2,5 à 5o francs. Au reste
je ne dois pas dissimuler qu’un académicien, très-habile dans
les arts , m’a dit que ces machines n’étoient point aussi utiles
que je le croyois.
Pour la filature de la soie, Vaucanson, vers 1774» perfec
tionna les tours à double croisade, qui ont apporté toute la
perfection désirée. Les moulins à soie qui servent à la tordre ,
ont tout le succès qu’il en avoit espéré, et donnent aux soies
la qualité qu’on remarque dans les meilleures soies du Piémont.
Pour la filature du coton, le cit. Martin a publié un mémoire
sur les nouvelles machines : il en distingue trois espèces dont
chacune a ses constructions et ses propriétés particulières.
La première espèce est celle des mécaniques à la main, dites
Jennies, introduites en France depuis 1782., parles cit. Pique-
fort, Martin, &c. au moulin de l’Epine, près Arpajon, et à
Louviers, chez le cit. Décrétot ; elles n’ont été portées que depuis
peu à leur perfection par un artiste anglois, qui en les simpli
fiant , en a beaucoup augmenté le produit; et plusieurs fabriquans
françois ont formé des étabiissemens. En 1785, les cit. Boyer-
Fonfrède et le Comte en ont formé un à Toulouse.
La filature de ces jennies, dont les brins ont été entremêlés,
et en quelque sorte frisés par les préparations, imite celle des
laines cardées; cette filature est propre à la trame de toutes
les étoffes qui doivent être moelleuses et douces au toucher :
elle n’est régulière et avantageuse qu’autant qu’elle a été pré
parée par des mécaniques à carder et à filer en gros.
Porter, vers 1772 , a imaginé les cylindres de tirage qui forment
le principe des machines, du second genre. Arkwright les mit en
usage près de Birmingham. Elles ont été importées en France
en 1783 , par Martin, qui, depuis y a ajouté les nouveaux
moyens d’exécution découverts en Angleterre, et plusieurs per
fections que ses recherches lui ont procurées. On peut voir au
Tome III.
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