66 HISTOIRE
cette ovale conjuguée diminuant de plus en plus, dégénère en mi
point qui appartient également à la courbe, quoiqu’il soit invisible
aux yeux du corps, mais il n’échappe pas à ceux de l’analyse, qui
sait déterminer, par des règles certaines, son existence et sa po
sition. Il arrive aussi quelquefois que cette ovale conjuguée est
traversée par une des branches infinies de la courbe, et dans
ce cas elle peut dégénérer en un point conjugué. Alors ce point
du périmètre de la courbe lui appartient triplement. On le nomme
point conjugué adhérent.
Les courbes des ordres supérieurs , à commencer du troisième,
jouissent encore de la propriété de pouvoir se replier sur elles-
inêmes, et se couper dans un point, d’y repasser même plusieurs
fois suivant l’ordre dont elles sont. On en a un exemple connu
de l’antiquité dans le conchuïde inférieure , ou plutôt la branche
inferieure de la conchoïde. Car lorsque la distance du pôle P à
l’axe ( fig. 14) est moindre que la ligne AB ou AC, qui dan3
toutes ses inclinaisons est la même suivant la description connue
de cette courbe , il est visible que le point C décrira la courbe
F P £ C ep et qu’elle passera deux fois par P. Mais une courbe
du troisième degré ne peut pas passer plus de deux fois par le
même point. Car la ligne droite qui passe par un pareil point où
la courbe passe deux fois , la coupe évidemment en deux points,
et elle la couperoit en trois si la courbe pouvoit y passer trois
fois y et comme il est évident que l’on pourroit par ce point
mener une ligne droite coupant la courbe encore au moins une
fois, il est visible que cette droite couperoit la courbe en plus
de points que l’ordre dont elle est ne contient d’unités. Or c’estdà
une chose impossible , comme on l’a dit plus haut. Mais une
ligne du quatrième ordre peut bien passer trois fois par le même
point, comme on voit dans la fig. i5 : une du cinquième quatre
fois , &c., c’est-à-dire , toujours une fois moins d’une unité
que le degré de l’équation de la courbe 5 on appelle ces points
multiples y et on les, subdivise en points doubles , triples, qua
druples , suivant que la courbe y passe deux fois , trois fois , &c.
Après les points multiples, il y en a d’autres encore dignes de
considération, à cause de leur singularité ; aussi les nomme-t-on
points singuliers. Tels sont les points de serpentemens , quelque
fois invisibles , à l’exception des yeux de l’analyse ; en voici l’ori
gine. Concevons une courbe comme A £ (fg. 16, n°. 1 ) , qui ren
contre d’abord en B la ligne droite F G, puis vient la recouper
en C , et ensuite en D , après quoi elle continue sa route en E ,
s’éloignant toujours de cette droite j une courbe du troisième
ordre est susceptible de pareil symptôme, puisque par-là une
ligne droite peut ne la couper qu’en trois points. Qu’on imagine
maintenant les trois points B , C, D, se confondre , ce qui peus