814 HISTOIRE
une chimère. On peut voir à ce sujet les Récréations mathé
matiques , édition de Montucla. On trouve des propositions
de mouvement perpétuel dans le Journal des Satans, 1678,
p. i65j 1686, p. 9, 29, 95 , 104 ; 1700 , j). 245 5 1726, p. 590 ;
1745, p. 29. Nous parlerons ci-après d’une des machines ,
fruit des efforts qu’on a faits pour résoudre ce problème, à cause
du bruit qu’elle fit parmi les savans ; mais toutes ont avorté.
C’est aussi plutôt une insulte qu’un éloge de dire de quelqu’un
qu’il cherche le mouvement perpétuel : l’inutilité des efforts que
l’on a faits jusqu’ici pour la trouver, donnent une idée peu
favorable de ceux qui s’en occupent.
Parmi toutes les propriétés de la matière et du mouvement,
nous n’en connoissons aucune qui paroisse pouvoir être le
principe d’un tel effet.
On convient que l’action et la réaction doivent être égales , et
qu’un corps qui donne du mouvement à un autre doit perdre
ce qu’il en communique. Or, dans l’état présent des choses,
la résistance de l’air, les frottemens, doivent nécessairement re
tarder sans cesse le mouvement.
Ainsi, pour qu’un mouvement quelconque pût subsister tou
jours, il faudroit où qu’il fût continuellement entretenu par
une cause extérieure ; et ce ne seroit plus alors ce qu’on entend
par le mouvement perpétuel, ou que toute résistance fût anéan
tie, ce qui est physiquement impossible. Par une autre loi de
la nature, les changemens qui arrivent dans le mouvement des
corps sont toujours proportionnels à la force motrice qui leur
est imprimée, et sont dans la même direction que cette force:
ainsi une machine ne peut recevoir un plus grand mouvement
que celui qui réside dans la force motrice qui lui a été imprimée.
Or , sur la terre que nous habitons , tous les mouvemens se font
dans un fluide résistant, et par conséquent ils doivent néces
sairement être retardés : donc le milieu doit absorber une partie
considérable du mouvement.
Le frottement doit diminuer peu-à-peu la force imprimée,
ou communiquée à la machine \ de sorte que le mouvement
perpétuel ne sauroit avoir lieu , à moins que la force com
muniquée ne soit beaucoup plus grande que la force généra
trice , et qu’elle ne compense la diminution que toutes les autres
y produisent 5 mais comme rien ne donne ce qu’il n’a pas, la
force génératrice ne peut donner à la machine un degré de
mouvement plus grand que celui qu’elle a elle-même ; ainsi, toute
la question du mouvement perpétuel en ce cas , se réduit à
trouver un poids plus pesant que lui-même , ou une force élas
tique plus grande qu’elle-même.
On peut dire aussi qu’il faudroit trouver une méthode de