DES MATHÉMATIQUES. Part. V. Liv. IV. 819
effort, qu’on peut faire tourner du côté qu’on juge à propos ,
sans que ce qui la fait tourner d’un côté soit arrêté parce qui
l’auroit fait tourner de l’autre, si elle y avoit été poussée. Enfin
une roue qui, après avoir fait quelques millions de tours avec
une rapidité surprenante, continue son mouvement de même,
et n’est arrêtée qu’à force de bras. Une telle machine mérite ,
à ce qu’il me paroît, quelque éloge, quand même elle ne satis-
feroit pas à tout ce que l’inventeur en promet. Si c’est le
mouvement perpétuel, l’auteur mérite bien la récompense qu’il
demande : si ce ne l’est point, le public peut découvrir une
belle invention, sans quejceux qui auroient promis la récom
pense fussent engagés à rien, l'inventeur n’ayant jamais exigé
qu’une promesse, ( tome I, page 3iz ). Voyez aussi la vie de
SGravesande , par Allamand, à la tête de cet ouvrage, où l’on
prétend que la servante déposa qu’elle faisoit tourner la ma
chine étant placée dans une chambre voisine ; qu’Orffyreus étoit
un fou; que l’opinion qu’on avoit de la machine avoit bien
changé ; cependant on voit que Jean Bernoulli croyoit au mou
vement perpétuel. (Opéra, tome I. page 4 1 -)*
L’année suivante 1716, "Wolf publia son Dictionnaire de Ma
thématiques , et au mot Perpétuel il rapporte les argumens de
Sturm, Lorini, Stévin et Leibnitz pour en prouver l’impossi
bilité, il dit que quoiqu’on ne trouve pas jusqu’à présent aucune
raison forte pour ne pas ajouter foi au serment d’Orffyreus que
la roue puisse conserver toujours le mouvement qu’on lui a com
muniqué sans effort; il n’est'pourtant pas prouvé qu’il n’y ait
pas une matière fluide invisible qui influe sur ce mouvement.
L’examen qu’en fit ’sGravesande mit Orffyreus dans une si grande
colère, qu’il brisa sa machine le jour même, comme on le voit
dans les Annal, physico-med. de Bi'eslaw y imprimées à Leipzig
et à Budissin, en 1723, in-4°. p. '4 2 ?* et dans la vie de ’sGra
vesande ; il écrivit sur la muraille que c’étoit l’impertinente curio
sité du professeur qui en étoit la cause ; cela semble indiquer
qu’il redoutoit un examen ultérieur. Au reste, ’sGravesande
n’a jamais avoué qu’il eut été si grossièrement trompé. Dans le
temps que la roue de Cassel faisoit tant de bruit, il parut une
dissertation de David Gottlob Diez , Perpetui mobilis mecanici
impossibilitas methodo mathematica demonstrata. Il fait voir
que les mouvemens perpétuels du jésuite de Lanis , de Cornélius
Drebbel, de Becher, de Jérémie Mitz de Bâle sont des chi
mères. Dans son théorème XLI on trouve cette assertion : Per
pétuant mobile Orffyreum ex descriptione ejus propria
aestimatum impossibile est.
Peiresc et Kepler n’étoient pas aussi crédules que ’sGrave
sande ; au sujet du mouvement perpétuel de Drebbel, le pre-
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