SUR LA PROBABILITÉ DES JUGEMENTS. i/ 4 5
soit qu’il n’y ait qu’un nombre limité v de causes possibles, soit qu’il
y en ait un nombre illimité, ou qu’on ait v = co .
(54). Maintenant, la loi des grands nombre réside dans ces deux
équations
m ni s s'
applicables à tous les cas d’éventualité des choses physiques et des
choses morales. Elle a deux significations différentes dont chacune ré
pond à l’une de ces équations, et qui se vérifient constamment l’une
et l’autre, comme on a pu le voir par les exemples variés que j’ai
cités dans le préambule de cet ouvrage. Ces exemples de toute espèce
ne pouvaient laisser aucun doute sur sa généralité et son exactitude;
mais il était bon, à cause de l’importance de cette loi, qu’elle fût dé
montrée à priori; car elle est la base nécessaire des applications du
calcul des probabilités, qui nous intéressent le plus; et d’ailleurs sa
démonstration, fondée sur les propositionsdesdeux numéros précédents,
a l’avantage de nous faire connaître la raison même de son existence.
En vertu de la première équation, le nombre m de fois qu’un évé
nement E, de nature quelconque, a lieu dans un très grand nombre ¡uc
d’épreuves, peut être regardé comme proportionnel à p. Pour chaque
nature de chose, le rapport — a une valeur spéciale^, qu’il atteindrait
rigoureusement, si ,u pouvait devenir infini ; et la théorie nous montre
que cette valeur est la somme des chances possibles de E à chaque
épreuve, multipliées respectivement par les probabilités des causes
qui leur correspondent. Ce qui caractérise l’ensemble de ces causes,
c’est la relation qui existe pour chacune d’elles entre sa probabilité et
la chance qu’elle donnerait, si elle était certaine, à l’arrivée de E. Tant
que cette loi de probabilité ne change pas, nous observons la perma
nence du rapport dans diverses séries composées d’un grand nombre
d’épreuves; si, au contraire, entre deux séries d’épreuves, cette loi
a changé, et qu’il en soit résulté dans la chance moyenne y, un chan
gement notable, nous en serons avertis par un changement semblable
dans la valeur de — : lorsque, dans l’intervalle de deux séries d’ob-