SUR LA PROBABILITÉ DES JUGEMENTS. 367
chance, depuis u== ^ jusqu a uz= 1, sont toutes également probables.
La seule raison qu’il donne de cette double supposition est que l’opi
nion du juge a plus de tendance à la vérité qu'à l'erreur. Mais, en
partant de ce principe, on en conclurait seulement que la fonction <pu
par laquelle nous avons exprimé la loi de probabilité des valeurs de la
chance moyenne, doit être une plus grande quantité pour les valeurs
de u qui sont au-dessus de ^ que pour celles qui sont au-dessous; con
dition qui peut être remplie d’une infinité de manières différentes,
sans qu’on soit obligé de supposer q>u=o pour m < ^, et cette fonction
(pu constante pour u >> L’hypothèse que nous examinons n’est donc
pas suffisamment motivée à priori; et, comme on va le voir, les con
séquences qui s’en déduisent la rendent tout-à-fait inadmissible.
En effet, la formule (i5), qui est une de ses conséquences néces
saires, ne renferme rien qui dépende de la capacité des personnes por
tées sur la liste générale des jurés; quelqu’un qui saurait, par exemple,
que deux condamnations ont été prononcées à une même majorité, et
par des jurys d’un même nombre de jurés, mais pris sur deux listes
différentes, aurait donc la même raison de croire que ces deux juge
ments sont erronés, quoiqu’il sût que les personnes portées sur l’une
des listes ont une capacité bien supérieure à celle des personnes portées
sur l’autre; or, c’est déjà ce qu’il est impossible d’admettre.
La fraction pétant plus petite que^, quand l’accusé est condamné
à la majorité de n—i voix contre i\ la quantité <p est zéro ou
insensible dans l’hypothèse que nous examinons, ce qui rend la
probabilité £• de la culpabilité du condamné très approchante île
l’unité, lorsque le nombre n est très grand, et quel que soit l’excès
de n—i sur i (n° 129). Ainsi, par exemple, en supposant le jury
composé de 1000 jurés, et l’accusé condamné par 520 jurés et ac
quitté par 480, on devrait regarder comme â peu près certain le
fait de sa culpabilité, quoiqu’il soit nié par ces 480 jurés, pour
lesquels on suppose que la chance de ne pas se tromper a été la
même que pour les 520 autres; conséquence qui suffirait pour faire