SUR LA PROBABILITÉ DES JUGEMENTS. 67
S’il y avait un nombre m de personnes dont chacune dût gagner par
l’arrivée de l’un des m cas possibles,il est évident qu’il faudrait diviser g
également entre elles toutes, et que ~g serait la part de chacune ; or, la
personne dontp est la probabilité de gagner, ou qui a pour elle un nom
bre a de cas possibles, devra aussi réunir un pareil nombre de ces parts
égales; sa part entière devra donc être —g, ou pg ; et de même celles
des autres personnes seront qg, rg, sg, etc.
Dans les jeux déjà commencés, cette règle fera connaître ce qui re
viendrait à chaque joueur d’après sa probabilité d’achever de gagner
la partie,si l’on convenait de se séparer avant delà terminer. On en con
clut aussi que la mise de chaque joueur avant que la partie commence
doit être proportionnelle à sa chance de la gagner; car si, au lieu de
jouer, on convenait de se séparer, chaque joueur devrait retirer sa
mise; et, d’après la règle précédente, ce qui lui reviendrait devrait
aussi être égal à la somme des mises, multipliée par la probabilité de ga
gner la partie entière. Cette probabilité, dans les jeux de pur hasard,
dépend des règles du jeu, et peut se calculer à priori, quand elles ne
sont pas très compliquées. Dans les jeux où le succès dépend de l’habi
leté de chaque joueur, sa probabilité de gagner est fondée ordinaire
ment sur sa réputation, et 11e pourrait être déterminée, avec quel
que exactitude, que par une longue expérience.
Les probabilités de deux événements contraires E et F étant p et q, '
de sorte qu’on ait p -\-q=z 1, si A parie une somme a pour l’arrivée
de E, et B une somme £ pour celle de F, il faudra pour que les paris
soient égaux , que ces sommes a et £ soient entre elles comme p et q,
ou qu’on ait
pÇ=qci.
Mais on ne doit pas oublier que ces probabilités p et q sont, en géné
ral, différentes des chances propres de E et F, et dépendent des con
naissances que A et B peuvent avoir en ce qui concerne ces événements.
Si ces probabilités sont fondées sur les mêmes connaissances pour A et
pour B, le pari est équitable, quoiqu’il puisse favoriser beaucoup l’une
de ces deux personnes aux dépens de l’autre. Si elles n’ont pas les
mêmes données sur les événements E et F, la proportion des sommes
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