LA PEINTURE ALLEMANDE AU XV e ET AU XVI e SIÈCLE
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ment dans un grand lit à courtines rouges, au milieu des Apôtres cons
ternés. Il y a dans cette œuvre hybride un mélange singulier de gau
cherie gothique et d'ornementation Renaissance, de réalisme minutieux
et d’idéalisme conventionnel.
Sur la lin de sa vie, le Maître de la Mort de Marie séjourna en
Italie. Quelques-uns de ses tableaux les plus remarquables comme Y Ado
ration des Mages de Dresde, la Pietci du Louvre, proviennent d’une église
de Gênes. L’italianisme s’y décèle par l’élégance un peu froide de la com
position, le goût des belles architectures Renaissance, l’harmonie du
coloris où les tons locaux se fondent en une tonalité bleuâtre ; mais sous
ce vernis italien, le Flamand de pure race reparaît. Ses tableaux religieux,
Fig. 4. — Le Maître de la Mort de Marie : La Mort de la Vierge.
(Musée de Cologne.)
encombrés de personnages, dérivent des retables en bois sculpté d'An
vers; ses portraits restent dans la tradition flamande, et ses fonds de
paysage, peints avec un soin extrême, sont traités dans la manière de
Patinier.
C’est sous l’influence de Josse van Cleve combinée avec celle des
Romanistes néerlandais : Jan Scorel et Martin van Hemskerk, que se forme
le dernier maître de l’École de Cologne : Barthcl Rruyn (1495-1557). 11 était
né à Wesel, à la frontière des Pays-Bas, et son nom trahit son origine
hollandaise. Ses grands tableaux religieux ne sont que de médiocres
pastiches des Hollandais italianisants : pour étoffer ses deux retables de
la cathédrale d’Essen (1524) et de l’église Saint-Victor de Xanten (1556),
il pille sans vergogne les fresques de Raphaël et gonfle ridiculement des
paquets de muscles, à l’instar de Michel-Ange. Mais s’il est boursouflé et
ennuyeux dans la peinture religieuse, il prend sa revanche dans le por
trait. C’est comme historiographe de la bourgeoisie colonaise du xvi e siècle