LÀ PEINTURE ALLEMANDE AU XV e ET AU XVI e SIÈCLE
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expressive du portrait de Jakob Fugger, du bouffon Iiunz von der Rosen
et surtout de ces moines rabelaisiens du couvent de Saint-Ulrich dont il
faisait sans doute ses compagnons de beuverie. Ses portraits à la mine
d’argent annoncent les admirables crayons de son (ils.
Hans Burgkmair (1475-1551), qui avait été à Venise et semble appar
tenir à une autre génération qu Holbein le \ ienx, fut 1 un des peintres
auxquels s’adressèrent les nonnes du couvent de Sainte-Catherine pour
peindre le cycle des Basi
liques de Rome. Ses trois
« Basilikenbilder » sont
conçus comme des archi
tectures de fantaisie enca
drant une profusion de
scènes édifiantes.
L’influence de la pein
ture vénitienne s’affirme
dès lors de plus en plus
dans l'œuvre de Burgk
mair. Le Couronnement de
la Vierge de la Galerie
d’Augsbourg, qui date de
1507, est le premier tableau
allemand qui remplace
l'ornementation gothique
par une riche architecture
Renaissance.La charmante
Madone à la gravpe du Mu
sée germanique (1509),
assise au pied d’un arbre
dans un paysage, est pure
ment bellinesque. Par la
tonalité un peu froide du
coloris, le tableau d'Estheret Assuérus (1528), à la Pinacothèque de Munich,
rappelle davantage Carpaccio. Le réalisme des détails est subordonné à
l'harmonie des lignes et des couleurs. Toutes ces œuvres attestent un sens
décoratif que Burgkmair devait sans doute à la pratique de la fresque; il
avait été chargé de décorer des maisons de patriciens d’Augsbourg et
notamment la maison Fugger.
Son œuvre gravé est encore plus important que son œuvre peint.
L’empereur Maximilien, qui patronnait les artistes d’Augsbourg, lui fit
dessiner les planches de son grand Triomphe allégorique, le monument
le plus colossal de la gravure sur bois : il le chargea aussi d'illustrer ses
Phot. Stœdtner.
Fig. 20. — Hans Burgkmair : La Madone à la grappe.
(Nuremberg. Musée germanique.)