94
PREMIÈRE PARTIE
je trouve que cette affirmation ne repose pas cependant sur des études ou com
paraisons artistiques, mais seulement sur 1’ interprétation d’un document rédigé
dans une forme un peu embrouillée, qui doit s’entendre, à mon avis, d’une
manière quelque peu différente, et en quelques mots comme il suit:
En 1463, le 6 septembre, fo saldado la raxorn a maistro Pantalom et a
maistro Bortolamio taiapiera, per el lavor del Pala^o a lor deliberado per V officio
nostro del Sal, c’est-à-dire de la manière qui suit: Le doge Moro ayant aupa
ravant entendu dire que, outre les dépenses faites pour les figures et pour
beaucoup d’autres travaux actuellement exécutés, on avait déjà épuisé les quatre
cinquièmes de l’argent qu’on tirait des caisses de l’État pour les travaux du
Palais, et par conséquent ceux-ci devant être bien près d’être achevés et le
nécessaire étant déjà en grande partie disponible pour s’ étendre sur la place et
aller à la nouvelle salle avec facilité, on donna alors à faire ce qui manquait à
m.° Pantaleone et à m.° Bartolomeo Bono, leur avançant une bonne somme
d’argent. Bono toutefois pour je ne sais quel prétexte attendit pour remplir
ses promesses jusqu’en Juillet 1463, et alors il prit l’engagement de com
mencer le 2 Février 1464 le travail qui lui était confié et de le continuer jusqu’à
entier achèvement, moyennant une seconde somme d’argent. Mais étant claire
ment démontré qui’il ne préparait ni ne disposait aucune chose et qu’il voulait
uniquement entortiller la Seigneurie, on décida le 6 septembre 1463 qu’il devait
sous peine de 600 ducats se mettre à l’œuvre à l’époque fixée, ou autrement
rembourser l’argent qu’ il avait reçu, pour pouvoir défrayer les maîtres qui
le remplaceraient. Il était enjoint en même temps aux Provéditeurs du sel de
n’accepter de lui aucun travail, sous peine d’une amende de 200 ducats pour
chaque fois qu’ ils contreviendraient à cet ordre (').
La préposition sur, pour vers, près de, ou du coté de, est, on le sait, encore
aujourd’hui très employée, et par conséquent la phrase s’étendre sur la place
ne peut être qu’une allusion aux constructions à ajouter à la terrasse sur le
passage ( 2 ) et précisément à 1’ extrémité de celle-ci vers le Portail de la Carta.
Ceci s’explique encore par les travaux déjà préparés pour aller à la nou
velle salle avec facilité, lesquels devaient en grande partie concerner la cons
truction d’un escalier qui conduirait directement à cette grande pièce sans
obliger à faire un long détour. Et la manière la plus naturelle de résoudre
le problème sans changer ou maltraiter ce qui existait déjà, c’était d’élever
le nouvel escalier le plus près possible de la Foscara, c’est-à-dire à l’extré
mité de la galerie ouverte sur la cour, en l’adossant en partie au Portail de la
Carta et en débouchant par conséquent sur le palier avec balcon dont il a
déjà été question dans le document du 10 Novembre 1438 rapporté ci-dessus.
Derrière ce portail et transversalement à la terrasse on voit encore deux
(* 2 ) Texte It., p. 40 et 41.