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PREMIERE PARTIE
artistes déjà initiés aux procédés décoratifs de la Renaissance. Les analogies
entre ces deux œuvres sont encore bien plus évidentes dans les travaux
statuaires.
Ce qui ne peut échapper à une sérieuse étude comparative des statues de
l’Arco Foscari, c’est leur dissemblance de formes et de styles, différences
provenant des divers artistes qui les ont exécutées (v. P. I, pl. 32).
La statue de S. Marc occupant la place d’honneur (que l’on voudrait
attribuer à Bartolomeo Bono) rappelle plutôt celle qui surmonte le pavillon
funèbre dans le susdit monument de Foscari, spécialement par la nouvelle
manière d’arranger et particulariser les plis, tout à fait différente du goût de
Bono. C’est d’ailleurs une tentative de réalisme esthétiquement peu élégante,
mais remarquable comme produit de la Renaissance.
Parmi les six figures jeunes placées sur les angles du corps de la grande
pointe (dans lesquelles Zanotto, en oubliant deux, prétend voir les Anges gar
diens des quatre vents dont parle l’Evangéliste S. Marc), cinq rappellent
jusqu’à un certain point le sentiment des figures montant sur le grand arc
central de la façade de Saint-Marc et les anges du tympan de la Chapelle
Cornaro aux Frari. Sous le rapport de l’exécution, presque toutes ces statues
peuvent être rangées au nombre des travaux faits pour obtenir un effet à
distance. ' -
Du même auteur ou du même atelier (qui pourrait être celui de m.° Pan-
taleone) est encore la statue sur une des petites aiguilles à droite de la façade,
représentant la Piété ; au contraire celle de la Prudence n’ est qu’ une imita
tion trop libre faite par un settecentista ( 1 ).
Puis on retrouve les manières du sculpteur du monument Foscari ; dans
la statue du guerrier sur l’aiguille à gauche de la façade, lequel s’appuie contre
l’égide de Gorgo; et dans la figure de la Doctrine regardant une longue
inscription, sur le côté qui donne sur la Cour, laquelle se rattache sous le
rapport de l’idée à la statue de l’Arithmétique ou Science placée sur la façade
principale. Au contraire dans la figure militaire tenant l’écusson Mocenigo
placée sur une autre aiguille du même côté, j’entrevois un travail de la Re
naissance. L’auteur des figures du susdit monument se révèle bien encore
dans celle représentant la Musique ou Flarmonie placée à l’angle et au même
niveau entre la Doctrine et la Science.
C’ est une bonne statue soit pour la pose, soit pour l’élégance des pro
portions et des lignes ; le visage gracieusement expressif est modelé avec
maestria et les mains en particulier sont bien étudiées. Les vêtements disposés
avec goût décèlent sans trop d’artifice 1’ attitude et les contours du nu.
Sur le socle sphérique au-dessus de l’aiguille droite de la façade prin-
P) Texte It., p. 43.