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PREMIÈRE PARTIE
Même la nef centrale de cette Église était à l’origine traversée (v. fig. 60,
B B’) par un chœur ou 1 Bnrco en pierre avec 5 arcs et deux petites chapelles
pourvues d’autels, dont l’un, dédié à S. te Catherine, appartenait à la famille
Belli et l’autre consacré à S. Marc était aux Mocenigo.
Le Barco fut démoli en 1683 et les autels furent transportés ailleurs dans
la même Eglise (*).
Quoique l’ensemble de l’ordonnance architectonique de ces deux grands
édifices diffère par les dimensions, par le type à croix latine et par la forme
des soutiens, de la plupart des autres Églises vénitiennes de style ogival, nous
retrouvons toutefois souvent dans celles-ci la structure des Chapelles et des
absides polygonales de l’Église des Dominicains et de nombreux détails inté
rieurs et extérieurs de ces deux monuments. Ainsi, par exemple, la disposition
et forme des croisières, des contreforts, des longues fenêtres à plusieurs étages
de baies géminées, des jours, des corniches et des modénatures et en outre
dans les décorations extérieures on rencontre le même goût pour les briques
travaillées et sculptées et pour la plastique en terre cuite.
Ordinairement la façade de nos Églises suit, ou pour mieux dire mar
que, par l’allure de ses lignes supérieures le niveau des nefs intérieures; mais
en général il n’y a pas d’autre vitalité de relief en dehors des contreforts
correspondants aux contestatures des divisions intérieures longitudinales, et
parfois cette partie si importante de l’édifice prend l’aspect d’une clôture
disposée presque en guise de rideau de théâtre.
Le goût local pour le mouvement des lignes et pour les courbes inflé
chies se manifeste assez souvent même dans les couronnements de ces façades
par un excès d’ondulations et additions capricieuses qui touche le baroque.
Symptôme évident de la décadence, qui du reste ne se manifeste guère avant
la moitié du XV e siècle,
Comme types de ce goût spécial, citons les façades des Églises de S. Apol
linaire, de Saint-Jean in Bragora, de Saint-André délia Zirada (v. fig. 62)
et en particulier celle des Frari. Toutefois, dans cette dernière façade, la dis
gracieuse partie supérieure en maçonnerie n’est, ce semble, qu’une addition
de complément légèrement postérieure à la construction de cette façade à
laquelle était très probablement fixé un couronnement sur le type de celui de
la Madonne dell’Orto; avec la différence qu’à l’origine aux Frari la corniche
aux arceaux des ailes traversait en partie horizontalement le corps central,
dont la grande fenêtre fut, il y a une soixantaine d’années, remplacée comme
on le voit aujourd'hui par une plus grande, dont les ornements du contour
n’ont toutefois aucun rapport de style avec tout le reste.
La grande porte sous le rapport des dimensions est largement propor-
( J ) Texte It., p. 49.