PREMIÈRE PARTIE
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en bas-relief une demi-figure de Vierge avec l’Enfant, travail certainement
antérieur aux autres sculptures de la façade et qui pourrait aussi être l’œuvre
de ce Giovanni de’ Santi qui sculpta sur pierre tendre la statue (retouchée
depuis) de la Vierge avec l’Enfant qu’on conserve aujourd’hui dans la Cha
pelle S. Maur de cette Église, et pour laquelle les membres de la Confrérie
de S. Christophe lui payèrent, en 1377, 150 ducats, lui accordant en plus le
privilège de la sépulture (‘).
J’ignore si ce sculpteur et Andriolo, son père, prirent part à la première
construction de l’Église; mais Gonzati ( 2 ) nous apprend par contre qu’en 1372
un certain maître Andriolo se chargea des travaux de la Chapelle de S. Félix
dans l’Église du Saint à Padoue où travailla également en 1376 un maître
Giovanni. Toutefois Andriolo de’ Santi était déjà mort en Août 1377 ( 3 ).
Plusieurs des statues décorant la rangée de niches qui sur la façade de
la Madone dell’ Orto suivent la pente de la nef de droite, rappellent nettement
les vieilles manières de l’école des dalle Masegne, mais sont toutefois infé
rieures en mérite à celles de l’autre aile, dont quelques-unes trahissent un
sculpteur qui doit au moins avoir vu quelque dessin des figures sculptées au
commencement du XV e siècle dans le Campanile de Giotto à Florence. La
première à gauche a d’ailleurs des analogies avec celles de la base de la
grande aiguille de l’Arco Foscari dans le Palais Ducal et spécialement avec
une sur la Cour. Quoique modifiées par un progrès dans la forme, elles lais
sent encore entrevoir les manières dérivant de la susdite école des dalle Ma
segne dans les statues des pieds-droits ou contreforts, et en particulier dans
celles des niches qu’offrent les robustes grands pieds-droits médians qui par
tagent en trois la façade, lesquelles par la pose, par la forme et le type des
têtes et aussi par les divisions des plis ont des analogies avec les Saints de
la susdite pala d’autel de la Chapelle des Mascoli.
En général les critiques, suivant le système expéditif accoutumé et com
mode, ont attribué toutes les statues de cette façade aux Bono.
Et à vrai dire, dès le commencement du XV e siècle on trouve parmi
les membres de la Confrérie de S. Christophe le nom de maître Giovanni
Bono et plus tard encore celui de son fils Bartolomeo.
Si, du reste, cette indication semble jusqu’à un certain point confirmer
l’hypothèse de ces écrivains, par contre, l’analyse et les comparaisons les
contredisent, car, je le répète, on y surprend l’action de plusieurs artistes et à
part deux ou trois de ces statues, on ne peut constater sur le reste aucun des
caractères distinctifs des travaux avérés de ce dernier maître, dont la pre
mière œuvre connue (la margelle du puits de la Cà d’Oro exécutée en 1427),
quoique d’une importance secondaire, ne trahit pas le moins du monde des