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PREMIÈRE PARTIE
dont j’ignore d’ailleurs la forme et le matériel de construction. Je dis matériel,
parce qu’ on n’ employait pas toujours la pierre ou le marbre, mais parfois
aussi le bois, comme on le voit sur un tableau, attribué peut-être à tort à
Vittore Carpaccio (n.° 5) dans la loggia Palladiana de la Galerie Royale, tableau
qui représente une procession dans l’intérieur d’une Église qui est vraisem
blablement celle de S. Antonio a Castello (démolie en 1807 avec d’autres
édifices importants pour créer des jardins publics ) et dont provient ce tableau.
Voir encore un exemple de chœur en bois dans le doc. n. 17 de la Miscellanea.
Je parlerai ailleurs du chœur en marbre de S. Étienne auquel travailla,
dit-on, Vittore Gambello; il me suffit de dire ici qu’à l’origine il traversait
la nef centrale, s’appuyant de chaque côté à la seconde colonne à partir de la
Chapelle majeure.
Entre les parties les plus dignes d’attention dans cette Église, je signa
lerai: les fenêtres du Presbyterium à double baie, à mi-hauteur desquelles se
répètent en sens inverse les arcs supérieurs donnant lieu à un entrelacement
moins rigide et d’un meilleur effet que certaines traverses rectilignes.
Dans les fenêtres de la façade nous retrouvons les motifs des entrelace
ments à jours des ouvertures supérieures des absides des l’Église S. Marie des
Frari, mais toutefois allégés des bandes centrales à cercles ajourés.
De plus les contours, en terres cuites et briques ornées, des fenêtres ( 3 )
rappellent le goût du temps où furent exécutés les congénères du côté de la
susdite Église des Frari (v. fig. 71 et 72).
Dans la partie inférieure sur les côtés du corps central (plus saillant)
de la même façade, on remarque des bandes verticales de modénatures dont
le rôle inutile donne l’idée d’une chose incomplète.
Mais ce qui y attire surtout le regard c’ est la riche décoration architecto
nique de la porte principale (v. P. I, pl. 8, fig. 1) peut-être divisée par la
corniche qui court le long du milieu de la façade en deux parties un peu
détachées.
On admire dans le contour de son ouverture rectangulaire le groupement
des membrures, la variété et gradation étudiée des profils (v.fig. 77), la forme
de la grande rampe angulairement très bien pliée et conjointe, les feuillages
de la gorge marginale et la bande en brocatelle comprise entre ces deux
dernières membrures et ornée d’une tige infléchie à feuillages qui, étant donné
la difficulté de la matière, sont exécutés avec assez d’habileté. Cet ornement
se distingue des congénères décorations vénitiennes dans lesquelles on recher
chait souvent encore le type byzantin; ici, sinon par le fini de la sculpture,
du moins par le mouvement et la forme des masses on touche déjà à la Re
naissance et avec un goût peu éloigné des ornements des parastes du chœur
( l 2 3 ) Texte It., p. 58.