PÉRIODE DE TRANSITION
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du Presbyterium qu’ on imagina cette adjonction, laquelle fut exécutée pendant
les grands remaniements et restaurations de presque toute la vieille église
commencée en 1458,- c' est-à-dire quand par la construction de la nouvelle et
grande Eglise située à côté, elle eût été consacrée à l’usage exclusif des reli
gieuses. Celles-ci, profitant encore de la circonstance pour refaire une partie
du vieux porche et construire au dessus un grenier, auront encore voulu se
ménager avec ce prolongement un bon parloir, pendant que la coutume
alors déjà répandue des sépultures à l’intérieur des Eglises offrait une large
compensation dans le vaste emplacement du nouveau Temple que l’on cons
truisait. Puis il suffit d’un simple coup d’œil jeté sur la façade, pour y re
connaître le type du XV e siècle.
Je n’ai pu trouver d’autres indications concernant les reconstruction ou
grandes restaurations jusqu’ à l’année 1444, où fut achevée la construction de la
Chapelle majeure.
Dans le Memoriale ci-dessus (dont s’est inspiré Cicogna ) on parle, il est
vrai, d’étoffes, de broderies d’ornements, d’une crosse d’argent, du grand
orgue offert à cette Eglise le 22 décembre 1437 par 1’ Abbesse Héléne Foscari
qui 1’ avait payé 80 ducats etc., mais outre le pavage de la place ou cimetière
achevé en 1418, je n’ai rien trouvé de bien intéressant (').
Aussi ignore-t-on l’année ou furent, commencés les travaux du susdit
Presbyterium, et les noms de 1’ architecte et des artistes qui y prirent part ;
toutefois il est certain que non seulement cette partie était terminée le 15
Août 1444, mais aussi les riches ancones de bois sculptées et peintes qu’ on
admire encore aujourd’ hui sur les trois autels, et avec, elles d’autres travaux
de sculpture dont je parlerai plus loin.
Relativement au temps, la somme énorme dépensée dans cette construction
nous édifie sur une reconstruction totale du Presbyterium, que le document
même ne nous montre pas restauré ou décoré, mais édifié et fait sur un nou
veau plan (*).
A voir le plan de cette abside si supérieur par la hardiesse et 1’ élégance
à l’ancien fond rectiligne des nefs latérales, malgré Cattaneo qui voudrait y
découvrir une main grecque de IX e siècle, elle éveille au contraire l’impression
d’un travail bien postérieur. En effet par des mesures prises avec le plus
grand soin je suis parvenu à établir que tout le fond de 1’ abside supérieure
est déplacé vers le dehors de la position primitive qui autrefois certainement
correspondait à la crypte du presbyterium.
Et c’est précisément ce déplacement de trois mètres au moins qui explique
parfaitement l’énorme épaisseur assignée au mur du fond de la crypte ( P. I,
pl. 31, fig. 2 et 3); mur d’environ 4 mètres d’épaisseur, qui en exacte cor-
(‘ *) Texte It., p. 63.