PÉRIODE DE TRANSITION
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de colonnes qui la partagent, par rapport aux champs de la voûte, en trois
carrés. Cette nef se termine par un chœur ou abside polygonale entouré d’un
déambulatoire formé par la continuation des nefs latérales et qu’ entourent
quatre chapelles absidales. La cinquième ne put se développer à cause de l’an
cien Presbyterium.
Cette ichnographie suit donc un type très usité dans les grands monuments
religieux de l’art gothique et 1’ architecte qui l’avait conçue avait très proba
blement tout d’abord projeté d’y appliquer l’arc aigu et de recouvrir le déam
bulatoire de voûtes d’arête et les diverses absides de demi-voûtes à voile.
Sans doute que ces dernières parties manquaient dans le plan primitif et
que le fond des nefs latérales était déterminé approximativement par des points
là où commence le déambulatoire, laissant ainsi de cette manière subsister une
partie de la nef de gauche de la Basilique contiguë.
Cette hypothèse trouve encore une sorte de probabilité dans un but éco
nomique et dans l’enlèvement en 1462 des tableaux de la vieille l’église et
spécialement de l’autel de la crypte, fait en vue de certaines démolitions. Autel
ou plutôt monument qui, suivant le passage tant de fois cité de Magno, était
fait à la manière de celui du Sauveur et qui, après l’achèvement de la nouvelle
église, fut placé sous le maître-autel.
Le chœur ou abside intérieure et le déambulatoire étaient désignés, pendant
les travaux, sous le nom de sépulcre, parce qu’ ils rappellent jusqu’ à un certain
point, la forme du lieu du Saint-sépulcre de Jérusalem, ou parce que cet endroit
était destiné à recevoir le susdit monument.
Le maître-autel actuel décoré avec les peintures de Palma le Jeune, re
présentant la Passion du Christ et la Résurrection du Tombeau, est postérieur
à 1’ achèvement et même à la consécration solennelle de 1’ église ( 1543 ) et
doit par conséquent avoir pris la place d’un autre qui devait immanquablement
y exister.
Quoique j’ aie déjà parlé sommairement des divers achats de matériaux
de construction faits pêle-mêle pour les deux bâtisses, je trouve cependant utile
de rappeler les autres dépenses dont la plupart certainement se rattachent au
nouvel édifice.
Le 16 Août 1458 on payait à l’Évêque de Torcello et au monastère de
S. Jérôme de Venise le prix de 12 colonnes achetées à S. André d’Ammiana,
et le 4 novembre de la même année on faisait un autre paiement au Chapitre
de Torcello pour 10 colonnes entières de pieraviva (blanche) veronexe et deux
cassées, dont une cannelée, con le suç basse e lidi, elles aussi provenant du
Lio ma\or.
Il est bon de rappeler à ce propos que le Gouvernement avait déjà en 1455
accordé aux Procurateurs de S. Marc de prendre des colonnes, des marbres et