PÉRIODE DE TRANSITION
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Les susdites fenêtres de 1’ Eglise de la Carità sont aujourd’ hui aveuglées
et quoiqu’on puisse encore discerner leurs formes extérieures et qu’il subsiste
d’ailleurs une bordure de terre cuite autour d’un arc, on ne peut rien dire de
vraiment précis relativement aux décorations architectoniques en pierre de
taille fixées autrefois entre les doubles montants de leurs ouvertures.
A certaines peintures et sculptures on dirait toutefois que les deux fenêtres
de la façade étaient partagées en deux et avec baies du genre de celles du
chœur ou de 1’ abside intérieure du nouveau Temple de S. Zacharie.
Comme j’ai pu m’en convaincre les documents en main et par l’étude
approfondie des lieux, la vieille Basilique reconstruite dédiée à ce Saint, recevait
la lumière des longues fenêtres du Presbyterium, par trois ouvertures circulaires
ou œils, dont 1’ un dans la façade et les autres dans le côté droit. (P. I, pl. 31,
fig. 3 et 4) et enfin par une double ouverture aujourd’hui en partie murée,
au fond de la nef latérale qui reste, c’ est-à-dire dans la Chapelle de S. Pro
culus (E).
Excepté cette fenêtre, il n’y a là aucune comparaison possible avec les
fenêtres dessinées en 1458.
Puis je ne parle pas des ouvertures intérieures du parloir, du grenier et
du monastère, lesquelles certainement ne pouvaient avoir de grandes di
mensions.
Il est donc vraisemblable que ces travaux de maître Bertuccio étaient
au contraire tout d’abord destinés à la façade et au côté ou peut-être encore
au fond des nefs du nouveau Temple suivant le plan primitif, mais celui-ci
ayant été modifié, ils durent rester hors de tout emploi pendant plusieurs années,
c’est-à-dire jusqu’ à ce qu’ils fussent probablement adaptés autour du chœur ou
abside intérieure, comme je le dirai plus loin.
Le paiement fait le 28 Septembre 1459 à Maestro Giovanni di Martino
pour la façon d’un pilastre à cordons repliés, doit se rapporter à la décoration
angulaire des larges contreforts dans le stéréobate de la façade.
C’est certainement à l’ornementation de cette partie que fait allusion la
note suivante en date du 24 novembre de cette année: contadi a m.° lorenip
taiapiera per penfi do de piera per far i quadri con feste nela fa\a ducati VJI.
Je ne crois pas cependant que ce Lorenzo puisse avoir sculpté les deux
seuls bas-reliefs auxquels peut se rapporter ce document, c’ est-à-dire les décors
du stéréobate. (P. I, pl. 27), car aucun maître de ce nom ne figure sur les
comptes de la bâtisse comme exécuteur d’un travail quelconque, mais seu
lement pour la fourniture des matériaux.
Si, dans les deux décors, le concept de la composition est le même, toutefois
la manière de le développer et de l’exécuter varie si singulièrement de 1’ un à
l’autre, qu’on doit les regarder comme œuvres d’artistes différents.