PÉRIODE DE TRANSITION
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transition les artistes, à force de chercher le grandiose, tombaient facilement
dans le mauvais goût; les têtes des amours, dans la frise, semblent plutôt
exécutées de manière à obtenir uniquement de 1’ effet à distance, et ceux de la
Chapelle de droite, quoique d’un moindre relief, semblent aussi exécutés par
un ciseau peu habile à traiter la figure.
Une autre production caractéristique de celui qui dirigeait ces travaux,
c’ est la forme donnée aux archivoltes à plein cintre sur le devant des Cha
pelles, lesquelles ne sont, ce semble, que le prolongement des demi-colonnes
latérales des susdits pilastres polystyles et ne sont séparées d’elles que par les
chapiteaux, mais dans les clefs de voûte ces grands arcs disgracieux manquent
de toute décoration.
Il semble que 1’ architecte de cette partie ne pouvait que trouver étrange
l’indépendance des formes et modénatures de T arc de celles de ses supports,'
et peut-être partisan du nouveau style n’avait-il conçu qu’ une idée de grandiose
en opposition avec la légèreté des formes employées dans les constructions à.
arc aigu.
Aussi entre ces parties de S. Zacharie et le portail des Ss. Jean-et-Paul
existe-t-il des analogies (PI. du frontispice), et dans le dernier, un autre élé
ment classique, à savoir 1’ entablement se plie, lui aussi, aux formes des co
lonnes. Toutefois la pesanteur de 1’ arche y est jusqu’ à un certain point mitigée
par 1’ ornement à feston. Je dis mitigée, mais pour mieux juger cette œuvre,
il serait plus exact de dire que la beauté des décorations est un palliatif du
manque d’élégance architectonique.
Dans les clefs de voûte des susdites archivoltes de S. Zacharie sont sculptées
des demi-figures de prophètes disposés dans 1’ ordre suivant, à commencer par
la droite: Moïse, Siméon, Zacharie, Jérémie et Jonas. Les têtes de ces Saints,
excepté celle du milieu, tournées en trois points, n’ont rien de remarquable
et les extrémités plutôt petites et dénuées de grâce sont aussi modelées avec
peu de précision.
Expressive au contraire, traitée largement et d’ailleurs avec un certain
soin est la tête de S. Zacharie plus en relief que les autres; les longs cheveux
et la barbe touffue sont divisés en parties convenables et bien découpées.
C’ est dans ces figures que je crois découvrir l’explication des paiements,
spéciaux faits, comme je l’ai dit plus haut, en 1473 et 1474 à Antonio Gam-
bello et à son fils. Mon sentiment se trouve confirmé jusqu’ à un certain point,
par certaines affinités que je rencontre entre ces sculptures et une partie de
celles du chœur en marbre de S. Stefano, attribué à Vittore Gambello, dont)
nous ne connaissons réellement que des travaux en bronze. Il est pourtant
bien visible que les figures de ce chœur ne peuvent toutes être assignées à un
seul maître et je ne crois pas invraisemblable que la main y ait été mise par An