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PREMIÈRE PARTIE
Cette porte ( v. la Planche du frontispice ) est une œuvre inachevée et en
etfet on voit de suite que sur les colonnes accouplées il manque quelque chose
dont la forme se devinerait facilement, en s’identifiant avec 1’ esprit des archi
tectes de notre époque de transition.
Si, abstraction faite du caractère hybride du style, on considère la façon
dont sont disposées les grandes masses, un peu lourdes, on surprend claire
ment chez l’architecte de cette porte une grande connaissance des moyens
propres à produire un grandiose effet décoratif; ce à quoi contribue surtout
1’ emploi des colonnes, les niches des colonnes intérieures et le gros boudin à
feston dans la partie arquée.
En examinant au contraire la manière de grouper les diverses modéna-
tures, la façon dont elles sont raccordées et alternées, la forme des profils et
le mouvement du socle et des entablements et n’ importe quel autre détail, on
ne peut s’empêcher de dire que tout n’ y est pas harmoniquement combiné,
que beaucoup de choses y sont communes et même puériles (i/. fig. 8$ plan
et fig. 86 profil de la porte inférieure).
Il faut noter, comme une nouveauté ou pour mieux dire comme un re
maniement de chose défendue, la saillie des boudins des plinthes des bases
relativement un peu effacées.
Le type des chapiteaux est déjà classique et ici encore ceux de l’inté
rieur ont la forme polygonale ; toutefois leurs détails manquent encore des
caractères de la Renaissance.
Quant à l’entablement presque dépourvu d’architrave et à la gouttière
revêtue au dessous de feuillages saillants, on voit clairement le défaut de con
naissance de 1’ emploi rationnelle de cette partie architectonique, entendue seule
ment ici comme décoration.
Cette œuvre accuse encore la main de plusieurs artistes et d’écoles diffé
rentes, ce qui peut être surtout constaté en comparant les formes des végétaux
infléchis dans les contours {v. fig. 85, A et pl. 26, fig. 1), et les feuillages des
bases et des chapiteaux, avec ceux de la frise, où, si à cause de la finesse des
sculptures ils manquent d’une certaine variété, ils sont au contraire tournés et
fouillés avec habileté.
Mais le plus bel ornement de cette porte est incontestablement la guir
lande de 1’ arche; et abstraction faite de la forme pesante de la modénature,
elle est un chef-d’œuvre du genre, qu’ on pourrait étudier comme modèle pour
appliquer avec le plus de goût possible la nature à la décoration.
Au commencement de l’année 1458 ce portail n’ était pas encore commencé
et quoique l’on songeât déjà à sa construction ( 1 ), étant donné les caractères
du style, je le crois postérieur d’une dizaine d’années environ à cette date, et à
(*) Texte It., p. 74.